Q
uel lien entre Detroit, disons plutôt Linden, et Paris ? Pour Maud, il est familial, elle dont les siens sont de part et d’autre de l’Atlantique à cause d’Odette, sa grand-tante, qui en 1945 a émigré aux States comme 200.000 autres War brides.
Michigan est l’occasion d’une double découverte. D’abord celle de ces femmes qui - au sortir de la dernière guerre - ont épousé un G.I et s’en sont allées aux États-Unis. Si ceci peut paraître aujourd’hui anecdotique, ce fut un véritable phénomène de société il y a plus de soixante-dix-ans de cela. D’ailleurs, les anciens Senonchois ou Castelroussins se souviennent encore avec nostalgie des Lucky Strike, des grosses Buick et du Coca-Cola qui coulait à flot aux abords des bases de l'US Army. Et que dire de ces femmes qui croyant autant à l’amour qu’en un avenir meilleur au-delà d’un océan qui n’était qu’un nom sur une carte, laissèrent tout et tous derrière elles pour embarquer sur le Vulcania ? Et, puis, il y a cette Amérique, pas celle de la Silicon Valley, ni de Manhattan, mais celle du Midwest ravagé par la désindustrialisation et les surprimes. Cette Amérique, qui aime le base-ball, les armes et la bière et où il faut avoir deux jobs pour survivre !
Évitant la confrontation des clichés et les lieux-communs, Julien Frey et Lucas Varela entraînent le lecteur dans ce qui était le rêve américain et qui prend à notre époque des allures de déroute, du moins pour ceux qui n’ont pas pu prendre le bon train. Reste une histoire pleine de nostalgie et de tendresse pour cette tante d’Amérique.
Après le Montana 1948, je poursuis mon exploration des Etats américain par le Michigan. Il faut dire que l’Amérique est un magnifique pays pour ceux qui en doutait. Cela fait toujours des envieux qui minimisent en ne voyant que les mauvais côtés.
Les américains ont sauvé la France en 1944. Beaucoup de soldats ont donné leur vie pour chasser les nazis. Certains ont noué des liens affectifs avec les françaises. Puis, ils les ont embarqués vers les Etats-Unis. C’est un épisode peu connu qui nous est conté dans cette bd au travers le témoignage d’Odette qui était serveuse dans une brasserie parisienne. On les a appelé les war-brides.
On découvre un récit se situant sur deux époques différentes comme pour mieux comprendre le parcours de ces femmes. Cela n’a pas toujours été facile pour ces femmes qui ont été déracinées. J’ai beaucoup aimé certains passages qui m’ont fait beaucoup rire comme la réflexion de cet américain qui disait qu’en France, seuls les assassins ont le droit de porter des armes. La réponse cinglante de notre frenchies ne s’est pas fait attendre. Il est également question que les petites françaises doivent préparer des cookies à leurs maris et non des gâteaux. Bref, c’est tout un art que d’être américain.
Une lecture qui livre un témoignage plutôt intéressant et qui est traité avec une certaine finesse et authenticité.
Le cinéma américain nous a déjà offert plusieurs films sur ces épouses que les Gis américains ramenaient au pays après avoir combattu en Europe ou en Asie durant la Seconde Guerre Mondiale, mais le thème est plus rare en BD.
Cet album raconte, par flash-backs, la vie d’Odette petite française qui va faire sa vie Outre-Atlantique et y fonder une famille. Bien des années plus tard, sa petite nièce française vient rendre visite à sa famille américaine. Elle est accompagnée de son mari qui va de surprises en surprises et sert de révélateur sur les différences de perceptions entre les deux nations. Mais l’auteur agit par petites touches intimistes. C’est fait avec beaucoup d’intelligence et de délicatesse, du pointillisme, en fait.
C’est l’histoire d’une vie qui est racontée ici, une vie sans grandiloquence mais à laquelle on s’attache. Une vie toute simple de celle qui est le lot du plus grand nombre et de qui on se sent proche.
Du coup les couleurs, on est plutôt sur des tonalités bicolores, et le dessin, presque caricatural, se fondent dans l’histoire et en laisse transparaitre tout le suc.
Très sympa donc.
J'aurai apprécié aussi un meilleur développement du récit sur la période 1950 à 2000 qui est vite survolée, par contre le présent et la période voyage sont très bien. Quelle belle chronique de cette évolution américaine