L
e Lombard propose de traverser les siècles via la bonne chère avec Dans les cuisines de l’Histoire. Le sujet est porteur, les nombreux albums (Chroniques de la fruitières, En cuisine avec Alain Passard, Frères de terroirs, etc.) mêlant gastronomie et BD le prouvent bien. Pour mener cette nouvelle collection, les auteurs ont repris le principe séquentiel des Illustres de la table du duo Benoist Simmat et Mathieu Burniat qui combine anecdotes dessinées, recettes d’époque et précisions générales. Le menu est donc copieux et varié.
Rutile et Gaëlle Hersent se sont vu confier la tâche de raconter et décrire les habitudes alimentaires au XVIIe siècle dans À la table du Roi Soleil. Du Procope (le premier café français) aux extravagances de Versailles et son jardin potager démesuré à l’image des attentes de Louis XIV en passant, il était impossible de ne pas le mentionner, par le sort funeste de Vatel, l’album rempli sagement sa tâche, bien trop sagement malheureusement. En effet, tel un poussiéreux manuel scolaire, la narration se limite à un alignement chronologique de moments forts à peine liés entre eux. Cependant, la matière est bien là, mais tout est montré sans relief ni réel souffle dramatique. Les scénettes sonnent faux tant leur ton est forcé, tandis que les À propos se révèlent trop synthétiques et répétitifs pour vraiment titiller les papilles.
Autre point négatif, les illustrations peinent également à éveiller les sens. Le trait est faible et souvent imprécis, la mise en page minimaliste, tandis que « l’emballage » (décors, costumes) se limite à des ébauches à peine finalisées. En résumé, les mets ne font simplement pas envie et, pourtant, on parle de dîners donnés à la cour la plus raffinée d’Europe !
Entreprise manquant drastiquement d’envergure et de panache, cette virée À la table du Roi Soleil laisse un goût amer dans la bouche et un poids sur l’estomac.
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