À Éleusis, tout le monde attend que Perséphone prenne la suite de sa sorcière et héroïne de mère, Déméter. Cela lasse l'adolescente qui ne pense qu'à hurler la vérité : elle a été adoptée ! Entre ses mauvaises notes et ses rêves étranges mais surtout les rumeurs du soldat des enfers qui rôderait dans leur monde, la jeune fille est un peu perdue. Son voyage de classe va être le théâtre d’événements qui vont précipiter les choses. Questions comme révélations...
Après Canis Marjoris et Pocahontas,Perséphone est le troisième livre de Loïc Locatelli-Kournwsky seul aux commandes. S'il s'inspire librement du mythe de Déméter, il n'hésite pas à brasser ses multiples influences et s'éloigner du matériau originel pour livrer une histoire prenante où le surnaturel et la féerie sont très présentes. Pourtant, il ancre son récit dans une certaine modernité, son Perséphone est une adolescente comme les autres, qui aiment profiter de ses amies et stressent de montrer son carnet de notes à sa mère. Tout semblerait totalement banal si l'action n'avait pas lieu dans un monde où la magie était omniprésente. D'ailleurs, l'introduction choisie par l'ancien pensionnaire de l'école Émile Cohl est un modèle d'immersion. Brève et bourrée d’humour, elle pose le contexte - la guerre entre les Enfers et Éleusis - d'un univers fantastique et étrange dans lequel le lecteur plonge avec pour seule envie de voir où cela le mène. La recherche de ses origines par la jeune femme, les conséquences du premier conflit, la quête de pouvoir et les relations mère-fille s'entremêlent alors et s'enrichissent d'éléments mythologiques - Hadès, le Tartare entre autres - pour donner naissance à une aventure mystérieuse qui emporte rapidement et se lit d'une traite. Une légende moderne, en quelque sorte, à la narration plaisante de laquelle se dégage quelque chose de singulier.
Cette singularité se retrouve aussi dans l’approche graphique. Le lyonnais, installé au Japon, continue d'affiner son trait particulier, mélange réussi de ses différentes influences (dur de ne pas voir en Perséphone un peu de Miyazaki, Kiki la petite sorcière en tête). Illustration, jeux vidéos, animation, école franco-belge, il puise dans toutes ces formes de dessins pour construire sa fresque. Cent quarante planches durant lesquelles la lisibilité ne faiblit pas, au contraire, et qu'il colorise lui-même, à base de tons pastels qui contribuent pleinement à l'ambiance de cette fable.
Belle surprise dans son traitement graphique et scénaristique, Perséphone offre un vrai bon moment de lecture et met en lumière le talent d'auteur à l'univers envoûtant.
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