C
léo finit par reprendre sa liberté et quitte « Madame la Comtessa » pour revenir à Paris. Là bas, sa première action sera de retrouver Ange. Le jeune garçon qui a continué sur sa voie, vivant de petits larcins et grandes entourloupes, est devenu un homme et n'a pas oublié sa belle. Hélas, le destin n'a pas encore décidé de les laisser vivre pleinement leur amour.
Le trait semi-réaliste d'Hervé Duphot est à nouveau au rendez-vous. Toujours aussi plaisant dans sa restitution fidèle des décors, qu'ils soient en extérieur ou cloisonnés, son dessin demeure ultra lisible tout au long de l'album. Ses variations de colorisation font la part belle à la lumière et mettent en valeur le soin qu'il apporte aux détails, des vêtements aux bâtiments, agrémentant les séquences d'une touche de nostalgie ou de romantisme agréable à l'œil.
Cette mise en image est d'autant plus appréciable que le scénario de Stéphane Betbeder parcourt différents lieux mais surtout différentes époques. En effet, le palois prend un malin plaisir à faire évoluer ses amoureux contrariés vers des trajectoires opposées sur près de six décennies. Comme Ange le laissait supposer, la belle continue son ascension sociale, s'émancipant de sa bienfaitrice avant de goûter aux charmes du Tout-Paris. A contrario, « l'Apache » survit dans les rues de la capitale à coup d'embrouilles et d'arnaques, s'enfonçant un peu plus dans la clandestinité et le crime. Le couple se retrouve, se perd de vue, se croise, un véritable Tourbillon de la vie entrecoupé de rencontres ou de retrouvailles plus ou moins heureuses. Pour balayer une si longue période en cinquante-six planches, l'économie d'ellipses est impossible, mais elles sont gérées avec talent en gardant la relation des amants maudits comme fil rouge. Et le lecteur, notamment pendant les pauses « cinéma muet », se prend à d'espérer une fin heureuse, entre prison dorée et cellule poisseuse, commissariat de police et cabaret, coup de foudre et coup de sang.
Même si l'issue aurait pu gagner en force en gardant un peu plus de mystère, Cléo conclut avec élégance cette histoire d'amour d'un autre siècle où se mêle tristesse et fatalité.
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Un bon deuxième album (un ton en dessous du premier) où la Comtessa se voyant vieillir et devant la beauté naissante de Cleo va lui rendre sa liberté. Celle-ci va revenir à Paris et essayer de retrouver Ange qui vit de petits larcins. Mais elle devra faire face à son ancien maquereau qui ne l’a pas oublié…
Toujours aussi captivante cette bd. Le seul reproche que l’on puisse lui faire c’est une fin réalisée un peu à la va vite. Néanmoins, raconter un demi-siècle en une dizaine de page cela ne doit pas être facile.