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onsieur Blaise est fort aise : à 56 ans, il est en lice pour obtenir une chaire à la Sorbonne. Professeur de grec à la faculté de lettres d'Aix-en-Provence, cet érudit a trouvé en 1901, dans un couvent d'Égypte, un manuscrit du premier siècle qui serait en fait un texte inédit de Platon, "Phaéton". Mais la déconvenue est forte quand un spécialiste d’Édimbourg démontre l'inexactitude de ses hypothèses, ruinant ainsi ses espérances, sa réputation et au final, sa vie. Il prend alors brutalement conscience qu'il vient de consacrer plus de trente ans à la science, sans penser une seconde à autre chose. Désemparé, ne va t-il pas se perdre dans sa recherche du temps perdu ?
Jazz est à l'origine une pièce de théâtre de Marcel Pagnol en quatre actes, écrite dans les années vingt. Assurément l'une des œuvres les moins connues du public, ce drame se démarque par l'introduction d'une dimension fantastique. Bien rodés dans l'adaptation des écrits de l'auteur provençal (La Gloire de mon père, Merlusse, Le Château de ma mère, Topaze), les scénaristes Serge Scotto et Éric Stoffel ont allégé l'original pour mettre en exergue l'essentiel et ainsi moderniser l'ensemble. La tension monte progressivement, passant de la comédie au récit tragique, du réalisme à l'onirisme. Les dialogues, empreints d'acuité, y sont pour beaucoup. Toute l'émotion des personnages ressort et touche en plein dans le mille car les thèmes abordés sont intemporels : vanité, fuite de l'instant, passion, sens et brièveté de l'existence. Le reflet vaporeux de Blaise, personnalisation de sa jeunesse, symbolise l’aspect psychanalytique de l'intrigue : le passé et le futur sont en constante opposition, le combat intérieur est infernal. Enfermé dans sa bulle, l'homme n’a rien vu venir, n’a pas su réagir et s'est perdu. Les rôles secondaires (amis, collègues, étudiants) gravitent autour du héros et agissent comme des échos, des avertissements résonnant dans le vide.
Le dessin épuré et les décors volontairement dépouillés renforcent l'ambiance théâtrale, notamment dans cet épisode brillant où le fond se substitue progressivement aux gradins d'une arène romaine. Les couleurs sont sobres, le jeu de lumières subtil. Les protagonistes possèdent des visages relativement expressifs, même si la gent féminine n'est pas le fort du dessinateur, dont les rares représentantes manquent de grâce et de douceur. Au final, tous les éléments visuels de la mise en scène font que ce conte philosophique prend des allures de tragédie grecque.
Tourments du cœur, affres de l'âme, oh ! peuchère ! Très bonne réalisation au niveau de l'écriture, un petit bémol pour le dessin. Prochain ouvrage en juin : Le Schpountz.
Après Le Château de ma Mère, La Gloire de mon Père et Topaze, le trio d'auteur continue l'adaptation des oeuvres de Marcel Pagnol sous le patronage de son petit-fils Nicolas Pagnol qui signe la préface. Il explique qu'il s'agit là d'une oeuvre un peu méconnue de son grand-père qui l'a écrite en 1925 et montée sur scène en 1926. Ce fut d'ailleurs son premier succès.
C'est très bavard et sans doute un peu trop. On se perd dans les divagations d'un professeur qui semble avoir raté sa vie en la consacrant à une thèse qui a prit le dessus sur tout le reste. Il semble être passé totalement à côté de sa vie quand lui apparaît son double en plus jeune. Il y a un côté fantastique qu'on ne connait pas vraiment à cet auteur. J'avoue que malgré tout, la fin est encore un coup de théâtre magistral comme Pagnol savait le faire.
La problématique reste d'actualité malgré les années qui ont passé. Il y a des oeuvres qui restent intemporelles et qui nous parlent.