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escapé de la « Grande Catastrophe », un jeune homme est recueilli par Herman Desonge, un artiste-peintre. Très ébranlé, le survivant souffre d’amnésie et de fréquents maux de tête. Pour l'aider, le docteur du village lui propose un traitement à base de lumière afin d’apaiser ses douleurs. Le remède fonctionne un moment et sa convalescence poursuit son cours. Néanmoins, les améliorations sont lentes, très lentes. C'est comme si quelqu’un freinait volontairement sa guérison dans le but de profiter de son état.
Sombre conte lorgnant vers un fantastique diffus et malséant, Couleurs baigne dans une ambiance étrange, presque maladive. Moins radical que les œuvres de Charles Burns (Black Hole, Toxic), mais pas moins dérangeant, le scénario de Sylvain Escallon suggère presque plus qu’il ne raconte. En effet, si le nœud de l’intrigue se révèle rapidement très classique, la richesse métaphorique du récit laisse une bonne part de liberté à l’imagination du lecteur. Ainsi, on ne sait rien des ruines dont s’est miraculeusement extirpé le héros, l’époque non plus n'est pas précisée ; rien ne filtre des relations entre les différents protagonistes et des fourmis courent partout. Pourtant, l’histoire se déroule tranquillement, à son rythme, penchant même un instant vers le thriller psychologique, avant de retourner vers la fable. L’ensemble est admirablement construit et maîtrisé. Le délicat équilibre entre le pourquoi et le dissimulé demeure et s’affine au fil de la lecture.
Si Escallon cite Comès, Bilal ou Nicolas de Crécy comme modèle, il ne peut difficilement cacher qu’il a également été beaucoup influencé par Marc-Antoine Mathieu, aussi bien dans le trait que le découpage. Même si son style graphique diffère passablement de celui de l’auteur d’Otto l’homme réécrit, certains coups de pinceaux et autres « astuces » narratives très typées se font remarquer. Par contre, il ne s’agit pas d’emprunt ou de pastiche, le travail du dessinateur s’inscrit simplement dans la continuation de la réflexion de Mathieu. Outre les très belles compositions en noir et blanc – quel panache dans la façon de dépeindre la nature ! -, le format comics de l’ouvrage s’avère parfaitement adapté au propos. Denses et astucieusement mises en page, les planches renforcent l’atmosphère remplies de mystères et de tension de la narration.
Séduisant de par son esthétique recherchée et inquiétant à cause de sa thématique énigmatique, Couleurs se pose comme un OVNI déconcertant, mais combien attirant.
Le titre est un peu trompeur de même que la couverture assez colorée. En effet, globalement, cet album est plutôt en noir et blanc avec certes quelques touches colorées ici et là.
J'ai beaucoup aimé le style graphique ainsi que les cadrages notamment ceux du début qui nous introduisent peu à peu dans ce récit étrange et machiavélique. Il y a de véritables accents à la Lovecraft avec une ambiance assez particulière car pesante dans cette petite bourgade provinciale.
On comprend qu'un jeune homme soi-disant rescapé d'une grande catastrophe est manipulé par un riche propriétaire pour lui soutirer son talent.
J'avoue avoir été un peu déçu par le dénouement car je ne l'ai pas très bien compris.