Une génération française s’annonce comme une fresque en six tomes contant les aventures de trois personnages, avant et pendant la Seconde Guerre. Chacun incarnera une attitude à l'égard de l’adversité : s’exiler pour mieux lutter, collaborer ou résister.
Dans cet opus initial, intitulé Nous vaincrons !, le lecteur découvre Martin Favre, un jeune étourdi. Étudiant en histoire de l’Art, sa principale préoccupation est de courir les jupons. L’objet de toutes ses convoitises, Elizabeth, une jolie rousse anglaise, ne répond malheureusement pas à ses avances. Le temps est doux, mais la réalité le rattrapera bien vite alors qu’il sera mobilisé, puis assigné « Sur un coin tranquille, derrière la Meuse... » La région est finalement moins paisible que prévu ; les troupes hexagonales sont débordées et les Allemands passent sans rencontrer de résistance digne de ce nom.
Thierry Gloris propose une chronique en deux temps. Il raconte d’une part l’histoire d’un protagoniste qui a tous les défauts : frivole, germanophile, briseur de cœurs et suffisant. Son destin bascule lorsqu’il enfile l’uniforme. Dans ce premier volet, le fanfaron est bousculé par les événements sur lesquels il n’a aucune prise. Celui qui n’en faisait qu’à sa tête plie devant ses supérieurs, puis s’incline face aux armées d’Adolf Hitler. Tout porte cependant à croire qu’il retrouvera bientôt le contrôle de sa vie et que l’insouciant deviendra, enfin, un homme. Le récit est d’autre part ponctué de courts segments où l’on voit les dirigeants du monde discuter et prendre des décisions qui bouleversent la destinée de la jeunesse en général et celle de Martin en particulier.
Le dessin réaliste d’Eduardo Ocaña est en synergie avec le texte. Très rigoureux, il restitue l'époque, ses décors et ses figures historiques. L’artiste est particulièrement habile à représenter les scènes de guerre, notamment celles d’explosion. Les illustrations sont éloquentes et elles rendent l’esprit des combats tels que les soldats les vivaient sur les champs de bataille.
Un scénario touchant, une reconstitution convaincante… mais le marché des bandes dessinées sur ce conflit n’est-il pas saturé ?
Une génération française s’annonce être une série fleuve où l’on va suivre le destin de trois personnages. Ainsi, la suite directe du tome 1 se fera dans le tome 4 et ainsi de suite. Il y aura une première saison puis d’autres qui suivront. Il faut le savoir avant de s’embarquer dans cette longue aventure surtout pour un achat. Les lecteurs ont trop souvent été pris comme des vaches à lait. Il faut par conséquent avoir un peu de méfiance vis-à-vis de ces séries concepts.
Ceci dit, cela ne m’empêche pas de décerner un 4 étoiles car la lecture de ce premier tome a été plutôt convaincante. On assiste à la débâcle de la première armée du monde à savoir l’armée française face au génie de la deutsche qualitât. L’histoire individuelle est mêlée avec des séquences de la grande histoire comme pour souligner le contexte de l’époque.
Ainsi, on peut voir les tirades assassines du colonel De Gaulle ou encore l’inimitié entre Edouard Daladier et Paul Reynaud. On sait que ces deux hommes politiques ont précipité la France dans le gouffre ainsi que le généralissime Gamelin qui a brillé pour son incompétence notoire en pensant par exemple que la forêt des Ardennes était infranchissable. Pour autant, on ne leur demanda aucun compte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en se concentrant surtout sur les hommes de Vichy qui ont également servi de paratonnerre. C’est intéressant de voir une réécriture de l’histoire qui pourra tromper la plupart des lecteurs mais bon, c’est une vision qu’il faudra respecter.
Pour le reste, j’ai trouvé le graphisme fort agréable et précis ce qui procure un véritable plaisir de lecture. C’était très fluide avec des péripéties certes attendus mais assez bien exploités dans ce série chorale. Les personnages sont suffisamment intéressants pour suivre leurs péripéties face aux déchaînements de la grande Histoire.