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ar est une muse qui s’amuse des artistes qu’elle ensorcelle et des amants d’un soir qu’elle oublie. Disparue sans explication, elle hante désormais Vidal, le dernier à l’avoir peinte et aimée…
À travers le souvenir d’inachevé laissé par un peintre fantomatique, Zidrou livre un album à la croisée des chemins, récit oscillant entre histoire d’amour, fable fantastique et biographie fictive, autant de fils narratifs habilement entrelacés en une fiction atypique et touchante.
Si la couleur apparaît trop souvent comme le parent pauvre de la bande dessinée, pour Oriol Hernández Sánchez, elle constitue l’essence même de son art, seule à même de donner son expressivité à un visage ou sa profondeur à un décor. Ainsi, le jeune dessinateur espagnol se joue des représentations pour non seulement décrire le monde avec ses pinceaux, mais également avec ceux des autres comme en témoignent les nombreuses allusions aux grands maîtres de La Colla del Safrà ou de ceux qu’ils inspirèrent.
Pour le plus grand plaisir des sens, Natures Mortes bénéficie d’une couverture qui cultive l’analogie à la toile. Mais ce qui est donné d’un côté est repris de l’autre et le recours singulier à un papier (trop) glacé enlève toute matière à une mise en couleurs directe aux belles tonalités.
Parallèle sur les vertus des 3e et 9e Art, Natures mortes dépeint le transfert émotionnel qui s’opère grâce à l’alchimique mélange de colorant et d’huile appliqué avec passion. Superbe.
Zidrou, conteur infatigable, et Oriol, dessinateur virtuose et grand maître de la couleur, nous offrent avec cet album un récit onirique et original, qui met en scène le milieu de la peinture catalane de la fin des années 1890. L'ambiance de cette Barcelone bohème de la fin du XIXème siècle est envoutante, et le scénario en lui-même, qui mêle histoire d'amour, fantastique et enquête policière, est surprenant. En résumé, une très belle histoire, et un très beau travail graphique; bref, un très bel album.
Album au format large et à la pagination relativement importante, doté d’une postface de Roser Domenech, professeur d’histoire de l’art en catalogne et spécialiste du peintre Vidal Balaguer. L’éditeur a doté l’album d’une couverture toilée sur l’édition grand public. Très belle édition assez classieuse et qui renforce l’album.
Barcelone, 1930, atelier du peintre Joaquim Mir. Le vieil homme raconte à son jeune modèle l’étrange histoire de son ami, le peintre maudit Vidal Balaguer, l’un des plus talentueux membres de la Colla del Safra, un groupe d’artistes catalans. Une histoire liée à une toile et à sa muse disparue de façon mystérieuse…
Pour leur troisième collaboration Zidrou et Oriol (illustrateur espagnol dont le vrai nom est Hernández Sánchez) nous font entrer dans le monde de la peinture espagnole, au travers d’une histoire sur un mode policier teinté de fantastique. L’envie des auteurs était de rendre hommage à ce peintre inconnu à qui le postfacier tente de redonner ses lettre de noblesse en organisant des expositions. Le texte de cet historien de l’art est très intéressant et l’on y apprend qu’un certain Pablo Picasso avait déjà repéré Balaguer… Résultat de recherche d'images pour "natures mortes oriol"Zidrou (dont je découvre progressivement la bdgraphie) construit le récit en une court enquête sur la disparition de la muse que l’on peut voir en couverture: Balaguer l’aurait-il tué, comme il aurait fait disparaître d’autres personnes apparaissant sur ses peintures? Sous ce prétexte l’album nous introduit dans le milieu artistique de Barcelone à la fin du XIX° siècle. L’on a maintenant l’habitude de parcourir Montmartre dans des BD françaises, parfois aussi le milieu artistique américain, plus rarement l’espagnol. C’est chose faite et si ce n’est pas véritablement révolutionnaire, l’immersion picturale (grâce au trait et aux couleurs incroyables d’Oriol qui fait un travail impressionnant pour coller au style impressionniste) de l’album est fascinante. L’on a réellement le sentiment de pénétrer des peintures de l’époque et l’illustrateur espagnol intègre des productions originales du peintre afin de pousser encore plus loin l’entrelacement.
Résultat de recherche d'images pour "natures mortes oriol"Intéressé par cette histoire de peintre méconnu j’ai cherché quelques informations, d’abord sur les sites de BD, puis plus largement. L’absence de références au peintre m’a intrigué, alors j’ai poussé un peu… jusqu’à découvrir le fin mot de l’histoire. Non ce n’est pas un spoil (la BD reste vraiment excellente et se savoure pour elle-même), mais Victor Balaguer n’a jamais existé et ses peintures sont d’Oriol lui-même! L’espagnol souhaitait faire une BD rendant hommage au (vrai) peintre Joaquim Mir, peu connu en France et a proposé cette mystification à Zidrou. Les deux compères se sont alors associé à un vrai galeriste et un vrai chercheur espagnols pour pousser le projet. Ainsi une vraie exposition a vu le jour avec de vraies-fausses toiles de Balaguer, crées par Oriol. C’est un site espagnol qui vend la mèche et j’avoue que cette histoire m’a totalement bluffé. C’est la première fois que je vois un tel montage en BD et l’album mérite d’être lu rien que pour cela mais absolument pas que!
Résultat de recherche d'images pour "natures mortes oriol"Natures Mortes est une grande réussite, d’abord graphique, qui nous régale et m’a fait découvrir (encore…
Bon album qui m'a rappelé graphiquement l'éclosion chatoyante du Dumontheuil de "qui a tué l'idiot?" et scenaristiquement le quasi-dyptique de Baltus et Peeters, "Dolores"/"Calypso". Bémols: l'intrigue est un peu courte ( que les auteurs tentent d'ailleurs de lester avec une tentative d'authentification du héros) et les magnifiques planches d'oriol ont les défauts de leurs qualités: elles perdent en mouvement ( n'est-ce pas l'essence de la bande dessinée?) ce qu'elles gagnent en beauté.
Quatre gats mais trois étoiles, en résumé.
un voyage plein de poésie à travers un peintre catalan et l'âme de Barcelone qu'Oriol connaît très bien. Superbe, le dessin au fusain est étonnant et tellement beau il donne cette ambiance si originale.
Zidrou signe là un de ses plus beaux scenarii.
Cette BD m'a plu car elle est originale sur bien des points.
C'est bien écrit (c'est du Zidrou, donc pas d'inquiétude) et traite d'un sujet plutôt rare. En effet, je ne connaissais pas la vie du peintre Vidal Balaguer. Le revirement dans le fantastique est bien opéré bien que totalement attendu. C'est le seul point négatif du livre.
Le dessin apporte une originalité évidente à l'ouvrage et c'est important de se distinguer dans cette catégorie de BD. Je n'apprécie pas , hélas, ce style mais je n'en fait aucune critique car c'est un point de vue totalement personnel.
Au final, c'est une BD agréable avec un sujet original qui plaira aux amateurs à n'en point douter.
Cette BD nous livre une partie de la vie du peintre Balaguer. Je ne connaissais pas du tout ce peintre et je l'ai découvert avec ravissement. L'histoire est superbe et la fin est très poétique. Le scénario est rempli de mystères. Grâce à cette BD, j'ai également découvert plusieurs peintres espagnols du 19ème siècle.
Personnellement, cette BD m'a beaucoup fait penser à L'oeuvre d' Émile Zola. J'ai aimé cette ambiance globale. L'esthétique est néanmoins très spéciale et peut ne pas plaire. Le mélange des styles est surprenant. On trouve des choses très modernes à côté de choses beaucoup plus traditionnelles. Finalement, tout cela est plutôt bien pensé même si parfois j'ai trouvé tout cela un peu trop coloré. J'ai également trouvé que certains visages étaient un peu flous.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Quelles couleurs !! Rien que pour cela, il faut lire « Natures mortes ».
Le travail graphique d’Oriol est superbe !.. Non seulement par ses qualités intrinsèques mais aussi parce qu’il sert à merveille cette histoire en particulier. Histoire où la peinture elle-même tient la première place. L'artiste maudit auréolé de mystère, la muse à la beauté ensorcelante ou les noceurs de la bohème barcelonaise viennent ensuite compléter le tableau de ce récit fantastico-poétique, que les pinceaux d’Oriol enchantent avec leur palette aux reflets de Matisse, Derain ou Picasso période bleue…
L’écriture, à la fois légère et grave, réserve quelques beaux moments, surtout lorsque Zidrou joue les faussaires en inventant une vraie biographie à son (faux) personnage.
Pour autant, ne vous attendez pas forcément à un chef d’œuvre. Car si le scénario en forme de songe se base sur une idée géniale – l’artiste fait-il disparaitre de la réalité ce qu’il peint ? – il comporte sans doute trop d’ellipses pour mériter ce qualificatif…