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Mort & vif

16/03/2017 6065 visiteurs 7.0/10 (5 notes)

P laqué et fraîchement licencié, Philippe Moline a toutes les raisons d’avoir un coup de blues. Plutôt que de rester dans sa boîte, il décide de changer d'air. Las et sans but précis, il tombe sur Trashy, un musicien improbable en chemin vers un concert supposé. De son côté, son ancien patron a les idées plus claires. Il vient de liquider son entreprise en cachette et est sur le point de filer avec des mallettes pleines de liquide. Les gars du syndicat ne sont évidemment pas du même avis et bien décidés à lui demander des comptes. La nuit va être longue sur les routes sinueuses de l’Ardèche.

Fable morale, road movie halluciné et brûlot revendicateur, Jef Hautot et David Prudhomme ont préféré ne pas choisir et de brouiller les pistes dans Mort & Vif. Si les ingrédients sont classiques, leur enchevêtrement se montre détonant. En effet, il fallait oser mélanger le réalisme social trouvé habituellement chez Étienne Davodeau à la folie d’un Martin Scorsese période After Hours, le tout assaisonné d’absurde façon Bertrand Blier. Même si toutes les parties du récit ne sont pas du même niveau (l’affrontement employés – directeur reste un peu convenu, par exemple), le scénario se montre souvent brillant et doté d’un humour recherché et percutant. Résultat, le lecteur rit beaucoup tout en se posant deux-trois questions existentielles au passage.

Si l’histoire vous semble un peu étrange, attendez de voir les dessins ! L’auteur de Rébétiko s’est pris au jeu (ou a abusé des mélanges) et offre un traitement graphique impressionnant de créativité et de malice. Mise en page globale, déconstruction constante des planches, triturage des perspectives, le dessinateur se fait un plaisir de décontenancer son public pour mieux le surprendre. Certes, la lecture peut paraître ardue par moments, la colorisation volontairement un peu sombre n’aidant pas. En revanche, une fois entré dans le bal, c’est un véritable bonheur que de découvrir toutes les astuces et les clins d’œil qui jalonnent l’album.

Finement pensé – l’argumentaire économique ne s’arrête pas au simple affrontement PDG vs ouvriers – et réalisé avec une maestria et une inventivité de tous les instants, Mort & Vif s’avère captivant à plus d’un titre.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Mort & vif

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 13/12/2020 à 10:28:53

    J’ai beaucoup de mal avec certaines bd. C’est simple : je lis et je n’arrive pas à entrer dans l’histoire. Tout me rebute à commencer par le dessin où on ne verra jamais le visage du protagoniste principal. C'est une vraie lecture prise de tête sans un quelconque intérêt.

    L’histoire pourrait apparaître comme absurde mais cela ne sera pas le cas puisqu’on découvrira le sens à savoir le méchant patron qui licencie sans prévenir ses salariés et qui semble fuir ses responsabilités. Cela ne sera pas forcément une bonne vision très enchanteresse du patronat.

    Il est également clair qu’on ne fabrique plus les boîtes de sardines comme avant grâce à de nouveaux procédés d’ouverture assez révolutionnaire. Beaucoup d'entreprises d'antan ont dû fermer car elles ne se sont pas adaptées aux nouvelles technologies et ont été dépassées par d'autres.

    Bref, les amateurs apprécieront à l’image d’une couverture assez inventive où se dessine la tête de mort. En vérité, c'est une allégorie sur la mort sociale dont le message ne sera pas forcément simple et compréhensible pour le lectorat.

    Yovo Le 26/09/2017 à 22:21:58

    Cet album se distingue par l’originalité de son dessin. David Prudhomme y expérimente une mise en page et un découpage audacieux, les cases n’étant séparées que par un simple trait. Il s’autorise ainsi des jeux graphiques d’une case à l’autre, révélant une construction des planches parfois complexe et des dessins "filigranés".
    Autre singularité : la caractérisation du héros, réduit à une spectrale silhouette noire…
    C’est bien vu mais l’ensemble reste néanmoins brouillon et la lecture est parfois difficile.

    Pour le reste, le récit qui débute comme une chronique sociale et se poursuit en mode "bad trip" fantasque et onirique est très bien mené. L’action se déroule en une nuit - blanche et vaporeuse - au bout de laquelle, bien sûr, plus rien ne sera comme avant…
    A découvrir.