D
ans sa collection DC signatures, Urban Comics propose pour la première fois en France l’intégrale de la série écrite par Greg Rucka parue entre 2003 et 2006. Ce premier tome commence par un graphic novel sorti en 2002 et acclamé par la critique. Sans conteste, Hiketeia est un récit remarquable de presque cent pages. Le scénariste et romancier s’inspire d’un rite antique, relaté dans l’Iliade, qui va amener l’héroïne à devoir protéger une meurtrière pourchassée par Batman. Sur fond de débat entre loi et justice, la lutte opposant le justicier à l’amazone, sous la surveillance des inquiétantes Érinyes, est construite comme une tragédie grecque. La tension est permanente et va crescendo tout au long de pages agrémentées des réflexions de Diana, créant une intimité bienvenue avec la jeune femme.
La partie graphique assurée par J.G. Jones au dessin, Dave Stewart aux couleurs et Wade Von Grawbadger à l'encrage est tout autant une réussite. Le trait est soigné, tant en ce qui concerne les personnages que les décors. Les judicieux choix de cadrage assurent fluidité et dynamisme continuellement.
Après, une telle démonstration de savoir-faire, les premiers épisodes de la série régulière souffrent quelque peu de la comparaison. C’est en particulier le cas au niveau de la mise en images. Si, en dépit de visages à la définition parfois incertaine, Drew Johnson s’en sort plutôt correctement, son travail n’est pas aidé par une colorisation pour le moins quelconque.
Le sentiment est identique au niveau du scénario, les bonnes intentions sont là, mais entachées de quelques imperfections. Au rayon des satisfactions, la mise en place d’une menace à deux niveaux. Du côté des humains, les agissements d’une femme d’affaires qui semble particulièrement décidée à nuire à la super-héroïne. Chez les déités, les conspirations d’Arès qui vont jusqu’à menacer l’existence de la patrie de Wonder Woman. Les thèmes sociétaux abordés via le livre publié par la belle dame et les réactions passionnées qu’il provoque dans la population offrent un supplément de profondeur à l’intrigue.
Du côté des points qui dérangent, la caractérisation de Diana vient tout de suite à l’esprit. Habillée de ses bons sentiments, elle est un peu trop lisse et froide, pas spécialement attachante. De même, des protagonistes plus ou moins stéréotypés et les motivations des méchants à ce moment assez nébuleuses laissent sur sa faim.
Moins intense et plus convenue que Hiketeia, l’aventure imaginée par Greg Rucka reste suffisamment bien agencée pour s’intéresser au sort qu’il réserve à l’ambassadrice de Themyscira dans les deux prochains volumes.
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