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eathko continue ce qu'elle sait faire de mieux : moissonner. Accompagnée de Lee, l'adolescente au regard vide, prend toujours autant de plaisir à traquer ses proies pour en faire des « trophées ». Mais cette fois, elle croise Deevil, un reaper qui a l'air d'en savoir beaucoup sur son mentor...
Une jeune fille au look gothique, dont personne ne sait rien, qui passe son temps libre à se fabriquer des armes pour s'adonner à une passion dont elle a fait son gagne-pain : le meurtre. Une entité de la pègre locale (la Guilde) désigne des cibles pour lesquelles se retrouvent en concurrence des tueurs à gage qui se cachent derrière des accoutrements bizarres, les reapers. Pom-pom girls, aliens, chiens, bouchers, tous se jettent dans une course effrénée au contrat et sa prime. Mais Deathko le fait autant par besoin, pulsion que pour rendre service à une énorme femme mystérieuse qui semble disposer de ressources illimitées et d'un plan secret. La dernière création d'Atsushi Kaneko est à première vue inclassable ! Pourtant, à y regarder de plus près, il apparaît évident que Deathco ne dépareille pas dans la bibliographie du mangaka. Comme dans Bambi, l'héroïne est une tueuse professionnelle juvénile, au passé inconnu et sans pitié. D'ailleurs les femmes sont des personnages forts (le gang des Dead Queen Bee, Madame...) tandis que les hommes sont souvent les victimes désignées, corrompus ou truands, des larbins (Lee) ou des ressors humoristiques (le duo de reapers loser ! ). Dans un second temps, l'esthétisme, qu'il soit dans le cadre ou les affrontements, est à nouveau très travaillé. S'appuyant sur un encrage étudié, sans fioriture, l'auteur de Wet Moon joue sur le noir et blanc pour donner à ses planches une atmosphère particulière. La nuit, et a fortiori la lune, les ombres mais aussi le château et ses sous-sols avec son bassin et sa créature, les décors et leurs éléments concourent à appuyer cette sensation. Enfin, chaque protagoniste possède un look recherché ; des cheveux gominés aux cols de veste relevés en passant par le maquillage des assassins grimés, dur de ne pas rire ou être bluffé en les découvrant.
Pour cet opus et une fois la traque du professeur Shikata par la tueuse terminée, Atsushi Kaneko poursuit les révélations sur Madame M, son passé et ses motivations, en introduisant une vieille connaissance au potentiel scénaristique indéniable : charismatique, violent et cruel. Son futur affrontement avec la meurtrière sadique, aussi déglinguée que méthodique et efficace, met d'ores et déjà en appétit en promettant encore de belles séquences de combat. Car un autre point fort de cette série réside dans la mise en image des scènes d'action. À défaut d'être toujours parfaitement claires, elles offrent un souffle et un rythme qui donne au récit un côté hypnotique que la violence et le sanguinolent ne ternissent pas. Deathko - qui s'est refait une santé - parvient à fasciner sans se dévoiler et ses aventures ressemblent à un défouloir jouissif pour son créateur comme pour ses lecteurs !
Même s'il est encore difficile de vraiment savoir où Atsushi Kaneko compte aller - il avoue écrire au fur et à mesure -, ce quatrième tome perpétue l'ambiance et offre - enfin - des détails sur Madame. De quoi attendre impatiemment le futur bain de sang annoncé.
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