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ernier volet de l’enquête de Gabriel Faune, inspecteur détaché par le Directoire pour faire toute la lumière sur l’attentat de la tour de la Réconciliation et les trois corps découverts dans ses fondations.
Le premier album de Metropolis avait suscité l’intérêt grâce au graphisme impressionnant de Stéphane de Caneva et au scénario très construit de Serge Lehman.
Thriller uchronique ou conte urbain, il est difficile de définir exactement cette série. Étrange mégalopole dans laquelle le lecteur reconnaît nombre de figures historiques, mais où il se perd dans les circonvolutions d’un récit empreint d'un indicible sentiment de déjà-vu. Au fil des planches, Gabriel Faune acquiert la conviction que sa folie n'est en fait que le pressentiment de l'existence d'une autre réalité dont il ne parvient toutefois pas à trouver le chemin... Et puis soudain tout dérape. Alors que l’histoire aurait pu s’arrêter là et laisser chacun face à ses spéculations, Serge Lehman opte pour un dénouement des plus discutables d’un point de vue narratif et, par contagion, graphique.
Curieuse manière de conclure une série qui jusque là frôlait le sans-faute malgré la complexité de son propos et la psychologie tourmentée de ses protagonistes. Restent les encrages de Stéphane de Caneva qui sur 100 milliards d’immortels confirme tout le potentiel que Metropolis a révélé.
Comme son titre l’indique, cette remarquable série doit tout à « Metropolis », le film culte de Fritz Lang, dont elle est une espèce de spin off.
C’est à la fois une uchronie élégante qui voit s’entrecroiser quelques figures mythiques des années 30, et un polar dans lequel enquête le commissaire Lohmann, vu dans «M le maudit» (de Fritz Lang toujours…)
En marge de l’intrigue, on voit donc Sigmund Freud sonder l’inconscient de ses patients, et de spectaculaires technologies mécaniques se développer ; les deux se lient au fil de l’histoire en un idéal scientifique où tous les rêves deviendraient réalisables.
Cela pousse le récit au bord de la fracture mentale. Le réel et l’imaginaire se confondent en un inquiétant jeu de miroir où tout est inversé, dédoublé, mis en abîme. Les personnages se confrontent à la schizophrénie, à d’étranges illustrations ou à des automates qui sont autant de substituts à leur réalité. Comme si le monde nouveau promis par la science était encore superposé à l’ancien.
En cela j’ai trouvé ce scenario particulièrement élaboré et son épilogue extraordinairement audacieux !
Si vous êtes farouchement rationnel, passez votre chemin…
Mais si vous ne craignez pas que votre raison s’égare quelque part entre «Shutter Island» et «Matrix», régalez-vous !