« Geis est un mot gaélique désignant un interdit ou une malédiction. Lorsqu'on vous lance une geis, c'est comme un sort dont il est impossible de se défaire et il faut obéir à certaines règles... Si vous tentez de vous soustraire à la geis, les conséquences sont terribles. »
Alors que Matarka, la matriarche de la communauté, s'apprête à rendre son dernier souffle, cinquante âmes se pressent autour de son corps. Parmi elles, des personnes en vue et puissantes telles que Madame le juge, le Lord chambellan ou Éloïse la charmeresse mais aussi des plus discrets comme Ben, Artur le chef comptable, Nelson l'homme de sciences et médecin, Nemas le conseiller ou encore Io la fille du seigneur Cerf-volant. Aucun d'eux ne se doute réellement de ce qui les attend et lorsque, par la voix de la sorcière Niope, le mode de désignation du nouveau meneur est annoncé, l'étonnement est de mise. Mais il est trop tard, tous devront concourir et essayer de franchir chacune des épreuves qui se dressent devant eux...
Habitué des récits jeunesse, Alexis Deacon s'offre avec Une question de vie et de mort, une remarquable entrée dans le 9ème Art. Savant mélange de conte médiéval, de fantastique et d'aventure, ce premier tome (sur trois prévus) se dévore plus qu'il ne se lit. Il faut dire que l'auteur ne s'encombre pas d'une longue introduction ni d'une quelconque description des forces en présence. En plaçant tout de suite le lecteur au cœur de cet univers, il lui permet de découvrir l'enjeu du concours en même temps que les protagonistes tandis que le contexte se dévoile au fur et à mesure. Le risque de perdre en clarté était fort mais la lisibilité maintient une pleine immersion. De plus, la multitude de personnages, parfaitement caractérisés et facilement identifiables, offre une foule de ressorts pour relancer l'action avec à propos. Sans toutefois tomber dans un enchaînement échevelé de combats ou de courses, le récit s'avère bien cadencé et de plus en plus prenant au fil des quatre-vingt-une planches.
Si le découpage et la mise en page sont académiques, le graphisme l'est nettement moins. Rappelant La fille des cendres, Les cinq conteurs de Bagdad ou Les 3 fruits, les ambiances très travaillées d'Alexis Deacon ne laissent pas indifférent. Les tons pastel, changeant à chaque séquence, autant que le trait doux et dénué d'encrage, suggéré par moments, confèrent à la mise en image un charme mystérieux à contre-courant des canons du genre.
Premier album de bande dessinée pour le britannique Alexis Deacon, Une question de vie ou de mort envoûte et surprend. Une superbe ouverture pour une trilogie médiévale et fantastique dont il sera difficile d'attendre la suite, Un jeu sans règle.
Il faut savoir que le titre Geis fait référence à la mythologie celtique irlandaise. C'est en effet une incantation magique prononcée par un druide entre interdiction et obligation. En Alsace, il me semble que ce mot signifie une sorcière. Or en l’occurrence, c'est bien une sorcière qui lancera un sort sur le royaume obligeant des convives à participer à un concours terrifiant.
Je n'ai pas trop apprécié ce conte qui commence comme une sorte de jeu de pouvoir où il faut parcourir plusieurs épreuves. A vrai dire, je me suis un peu ennuyé au cours de cette lecture où l'on va pourtant croiser de nombreux personnages. Par ailleurs, le dessin m'a paru beaucoup trop approximatif et manquant indéniablement de charme et de finesse. En effet, on dirait que les différents personnages sont des pantins.
Au final, ce conte peut plaire aux plus petits. Il ne manque pas d'action dans une sorte de quête initiatique concernant l'héroïne, une fille un peu effacée qui ne voulait absolument pas concourir.