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uarante ans après leur apparition au sommaire du légendaire Trombone Illustré (avant de migrer dans le Fluide Glacial du non moins légendaire Marcel Gotlib), Idées noires reste une référence absolue de la BD franco-belge. André Franquin, la géniale cheville ouvrière de Spirou, ose l’impensable : s’adresser à l’intelligence de son lectorat. Exit les aventures à rebondissements, l’humour bon enfant et la morale bien pensante ; le rire devient désespéré, les critiques et les dégoûts face aux horreurs de la société, la règle. En un album et demi et beaucoup d’encre de Chine, le créateur de Gaston Lagaffe remet tout le monde à sa place. Quatre décennies plus tard, la magie est toujours bien présente.
Entre florilège et mode d’emploi, Il était une fois Idées Noires s’articule autour des thématiques abordées par Franquin (la chasse, les militaires, la religion, etc.). La sélection de gags est entrecoupée d’entretiens variés, d’hommages et d’illustrations plus ou moins inédites. Le connaisseur ne trouvera pas grand-chose de nouveau à se mettre sous la pupille, puisque la majorité du matériel a déjà été publié précédemment ici ou là. Par contre, pour le néophyte ou le simple amateur, ce copieux ouvrage permet d’avoir un aperçu détaillé du cheminement du dessinateur. À ce propos, les précisions d’Isabelle Franquin sur l’état d’esprit de son père à cette période s’avèrent particulièrement intéressantes et éclairantes : oui, même si son travail penchait vers le désenchantement voire pire, il avait gardé toute sa bonhomie dans sa vie courante.
S’il ne remplace certainement pas l’œuvre originelle que tout bédéphile digne de ce nom se doit d’avoir sur ses étagères, Il était une fois Idées Noires (disponible en broché dans les kiosques et en relié dans les librairies) agit comme une piqûre de rappel à la fois évidente et salvatrice.
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