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égis est quelqu’un d’organisé. Que ce soit dans son travail ou ses loisirs, il ne laisse pas la place au hasard. Tenez, juste après ce dernier rendez-vous professionnel, les vacances démarrent : réservations, moments de détente et autres petits restaurants entre amoureux, tout est prévu, réservé et confirmé (les copies des courriels sont dans la chemise jaune sur la banquette arrière). Valérie, sa femme, suit le mouvement, même si un peu plus d’imprévu ne serait pas de trop. Un petit incident incompréhensible va venir gripper cette mécanique existentielle si bien huilée. Le début de la fin ou le commencement d’une nouvelle vie ?
Après son « exil » équatorien (Vertiges de Quito, Le monde du dessous), Didier Tronchet retrouve les routes françaises avec un road-movie teinté de fantastique (juste une touche pour faire démarrer l’histoire). Les considérations habituelles du créateur de Jean-Claude Tergal s'y retrouvent bien présentes, l’humour potache en moins. Voyant sa routine forcée inopérante face à la transformation de Valérie, Régis va devoir – ô horreur – improviser et, plus simplement, réapprendre à accepter ce que le destin met sur son chemin. Le personnage central est bien campé, les situations bien pensées et l’enchaînement dramatique parfaitement dosé. Tout aurait été parfait dans le meilleur des mondes si le nœud central du scénario n’avait pas été si ténu. En effet, au lieu de vraiment aller explorer le vécu intérieur de son héros, l’auteur a préféré écrémer son sujet et étire son propos au-delà du raisonnable. Résultat, la lecture est agréable, mais ne décolle jamais tant le lecteur reste en position d’attente tout au long des soixante-dix pages de l’album.
Au niveau graphique, le dessinateur a choisi une approche néo-classique efficace et élégante. Son découpage en six cases façon « gaufrier » s’avère maîtrisé et étonnamment dynamique pour un type de récit plutôt enclin à la contemplation. Autre point positif, les très belles couleurs à l’aquarelle, les planches baignent dans une lumière délicate et harmonieuse.
Impeccablement réalisé, Sortie de route n’arrive pas à convaincre totalement, la faute à un fil narratif quasiment famélique et des représentations psychologiques trop limitées.
Didier Tronchet est l’un de nos grands auteurs et je le respecte à juste titre ; mais sa "Sortie de route" n’en finit plus de faire des tonneaux…
Hormis de belles couleurs, le dessin est simpliste et moche, surtout en comparaison de chefs d’œuvres passés comme « Le peuple des endormis ».
L’histoire, même agrémentée d’une pointe de poésie surréaliste, est complétement anecdotique et se lit en ¼ h. Le thème de la deuxième chance, sur un air de « je fous tout en l’air et je recommence à zéro » est éculé et cette version n’apporte rien de nouveau. Oubliable.