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anu vit sa bohème avec Samira. Pour ce tandem, le sens de la vie se résume en deux mots : baise et beuverie. Mais voilà qu’un obscur oncle lègue à son neveu un stock de cierges. Le duo, auquel se greffe Jordan, le frère de Sam, se lance dans une tournée des monastères pour écouler les objets de culte. Partants du Nord, ils se rendent à Lourdes, croisant au passage des pèlerins en route pour Compostelle. Commence alors la quête spirituelle de l'héritier; il observe, réfléchit, dialogue avec un fantôme et remet doucement sa vie en question.
Le scénario, signé Vincent Cuvellier, est déroutant tant les changements de rythme et de ton sont nombreux. La tournée des églises et des monastères est ponctuée de scènes d’action (notamment une poursuite en voiture) d’épisodes burlesques (impotente miraculée, moines dans une salle de musculation, police du Bon Dieu à Lourdes, tentative d’interception d’un véhicule à l’aide d’un crucifix, etc.) et trash (on vomit abondamment après avoir fait la bringue). Bien que décousue, l’histoire demeure agréable. Le questionnement du personnage principal apparaît sincère et crédible. Cela dit, en tournant la dernière page, le lecteur a un doute. Doit-il prendre le récit au premier ou au second degré? Cela n’enlève cependant rien au plaisir; bien au contraire.
Le dessin de Max de Radiguès est à l’image de cette odyssée : varié. Avec ses yeux immenses, l’héroïne semble sortie d’un manga, un prêtre est le sosie de Zorglub, mais dans l’ensemble les visages sont rapidement esquissés. Pour compenser, l’artiste exagère leur expressivité, souvent appuyée par une gestuelle elle aussi accentuée. Il n’hésite par ailleurs pas à user d’artifices visuels relativement inhabituels dans le roman graphique : nuage de fumée et gouttes de sueur exprimant les émotions, petites lignes amplifiant l’effet de mouvement, dédoublement des membres (à la Gotlib) indiquant que le personnage gesticule beaucoup, onomatopées sans complexes ; bref, les codes de la bande dessinée grand public sont au rendez-vous dans la collection écritures de Casterman. L’illustrateur excelle également dans les plans d’ensemble, plus paisibles, lorsqu’il reproduit un village, un paysage… ou une usine de bougies.
Mentionnons enfin la qualité de l’impression, particulièrement les noirs, très bien rendus dans cet album en noir et blanc. Un petit reproche pour le choix du papier un tantinet trop mince ; par moment on lit deux pages à la fois.
Les auteurs réalisent le tour de force de mélanger tous les styles narratifs et graphiques, et ça marche. Le récit est fluide et la lecture agréable.
Je suis un grand fan de Max De Radiguès. Ne vous fiez pas à son dessin très simple, voire enfantin, ses albums ne sont pas vraiment destinés à un jeune public. Ses scénarios croquent très justement les péripéties des adolescents. Ses dialogues sont sans concession et souvent très croustillants. Et certaines séquences sont...très surprenantes.
Dans la Cire Moderne, Max DR nous conte les aventures de 3 adolescents dans un road trip très particulier qui nous conduira à la découverte d'un univers très particulier. C'est très drôle, on ne s'ennuie pas un seul instant. Seul petit bémol, le passage un peu tiré par les cheveux à Lourdes est l'étape la moins réussie du périple.
J’ai du mal à cerner le juste fond de ce récit. Le côté révélation spirituel, limite moralisateur, d’un ado hippie fumeur de joints ne me touche pas du tout. En lisant la quatrième de couverture et feuilletant rapidement chez mon libraire, je ne m’attendais vraiment pas à ce genre de sujet. Je trouve que cela ressemble trop à un prêche évangélisateur, laissant de côté les éléments qui pourraient être drôle et en les rendant sans intérêts.
Cela n’enlève en rien à la qualité du dessin de Max de Radiguès, que j’avais déjà apprécié dans son « Weegee » parue en 2016. À noter également, la qualité de réalisation du livre en lui-même, qui donne vraiment l’impression de parcourir un roman (rapport évidant au thème de l’édition).
Pour conclure, malgré un scénario un peu bancale et que je trouve pour ma part trop orienté « catho », c’est une petite lecture sympa tant pour la qualité du livre que pour le dessin. L’ensemble rendant malgré tout la lecture agréable. Idéale pour une lecture sur le balcon, par un beau dimanche après-midi.