K
olia, un adolescent de 16 ans, accompagne son père, Sanglier, et sa bande à Pripyat. Depuis l'accident du réacteur, cette ville a été désertée et une large zone est bouclée. Pour ne pas laisser les chiens errants divaguer et propager toutes sortes de maladies, les autorités louent les services de brigades particulières. Contre trente roubles par bête, ils se voient assigner une zone à « nettoyer ». Pendant que son paternel et ses amis gagnent leurs croûtes et découvrent les « charmes » de la ville fantôme, le garçon - qui n'a pas vraiment l'âme d'un tueur de chien - est intrigué par l'endroit et son atmosphère étrange.
Aurélien Ducoudray est de retour dans un genre qu'il affectionne, l'aventure historique, et dans une région, la Russie, qu'il a déjà visitée avec le diptyque Amère Russie. Cette fois, il s'attache à la vie d'un groupe dans une bourgade abandonnée quelques mois après la catastrophe de Tchernobyl. Comme à son habitude, les personnages sont pittoresques et bien construits : le patriarche, meneur d'hommes décidé, son fils, rêveur et pas tout à fait prêt pour ce travail, Sputnik l'arsouille fan de musique US, Pravda l'ancien soldat et Petit Père, le tireur d'élite à la tête de nounours. La fine équipe a de solides atouts pour s'attirer la sympathie à défaut d'être totalement crédible. S'il est romancé, ce récit se base sur des faits réels : la ville de Pripyat, bien-sûr mais aussi les chasseurs de chiens ont vraiment existé ! Et dans ce no man's land radioactif, il devient facile pour le scénariste d'installer un contexte inquiétant, agrémenté d'un peu de religion voire de fantastique. À l'aise avec sa narration, il tarde à dévoiler ses intentions et il faut attendre les toutes dernières planches pour voir l'intrigue décoller réellement.
Très propre, le travail de Christophe Alliel (Le ventre de la hyène, Spynet) se marie à merveille avec le sujet. Dans un style semi-réaliste, il parvient à jouer sur les mimiques et les expressions pour accentuer la dramaturgie ou le comique des situations, peut-être trop parfois. La palette de décors - urbains, apocalyptiques, enneigés, en pleine obscurité -, mis en valeur par les couleurs de Magali Paillat, à l'unisson et toujours justes, lui offrent de quoi montrer son aisance dans l'exercice. Son travail serait parfait sans un découpage trop sage par moments ou quelques regards peu expressifs.
Mise en place soignée mais un peu trop classique, Saint Christophe laisse tout de même entrevoir de belles qualités, amplement suffisantes pour guetter le second tome et les probables surprises que réservera le dénouement.
Le sujet avait l’air très intéressant à savoir les conséquences de l’explosion nucléaire de Tchernobyl sur les animaux et notamment les chiens. Je ne savais pas qu’on les avait chassés et exterminés peu après la catastrophe. Il y aura des passages franchement cruels. Les amis des animaux pourront être réellement choqués.
Sur l’explosion en elle-même, le passage est certainement trop rapide ce qui est dommage. Il est vrai que cela se concentre sur une équipe de chasseurs dont certains personnages auront un caractère bien trempé dans la vodka. Il est question d’un Saint-Christophe à la tête de chien comme l’incarnation d’un fantôme. Le contexte de cette ville radioactive est assez angoissant. Cependant, l’intrigue tarde véritablement à décoller. Il ne se passe pas grand-chose. Cela pose quand même un problème.
Il y aura un second tome qui viendra clore ce récit assez étrange dont on ne voit pas encore les contours. C’est encore plein de mystères. Il reste un beau travail au niveau des planches, du dessin assez réaliste, des décors assez soignés et des couleurs. Une lecture qui reste cependant très agréable dans un milieu inquiétant.
Ukraine. 26 avril 1986. Explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Pauvre Kolia ! Ton père veut t’endurcir. Ou plus exactement endurcir ton cœur. Le fermer à toute compassion. Va, Kolia ! Jette ces petits chiots dans le puits ! Noie-les ! Il est temps que tu deviennes un homme ! L’homme que ton père veut que tu sois…
Critique :
Aurélien Ducoudray nous invite à suivre, de loin, l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl au travers des aventures d’un gentil garçon, Kolia, dont le père a une vision de l’éducation… Un peu brutale ! Genre pousse-au-crime, même s’il ne s’agit que de chiens…
Amis des bêtes, cœurs sensibles, passez votre chemin…
Allez, braves gens ! Quittez votre village ! Il va être rasé ! Trop contaminé ! Fichez le camp ! Tout est irradié ! Allez donc traîner vos misérables carcasses loin de cette terre que vous avez toujours connue en abandonnant tout derrière vous ! Les bulldozers sont déjà là. Quelques dernières paroles du pope… Des mots très encourageants (que vivent les religions) : « L’âme écrasée de douleur, il se lamentait et songeait : de moi sortiront et se multiplieront des peuples entiers. Tous, ils souffriront ; ils vivront dans l’inimitié. » Mon Dieu, comme j’aime ces paroles de réconfort de ceux qui se disent vos représentants sur Terre.
Quelques mois après le désastre, le père de Kolia, dit Sanglier, sans doute à cause de son caractère de cochon, l’entraîne dans la zone la plus irradiée pour une chasse des plus originales : une chasse aux chiens contaminés ! Les chasseurs sont payés à la pièce, à savoir, à la tête ramenée. En plus de Kolia et de son père, leur petit groupe comprend Sputnik, une sorte de vieil ivrogne ; Pravda, ancien des forces spéciales, une montagne de muscles, Petit Père, tireur d’élite et Silence, son chien qui n’aboie jamais. Kolia est prié de tuer son premier chien…
Un scénario très original autour d’une centrale nucléaire devenue (tristement) mondialement connue. Aurélien Ducoudray aborde différents thèmes : l’éducation terrible qu’un père veut donner à son fils pour son bien, croit-il, car il sait que le monde dans lequel il vit est dur ; l’évacuation de ces terres contaminées où les gens laissent tout derrière eux, y compris leurs animaux de compagnie et leur bétail ; et des individus qui ne sont mus que par l’argent, prêts à commettre des crimes… Et pas que sur des chiens…
Les magnifiques dessins de Christophe Alliel mettent en valeur le scénario, et ils sont sublimés par la mise en couleurs de Magali Paillat.
Une bonne histoire et des dessins bienfait. Dans la chronique de BDGEST tout est dit. Il y a l'esprit des auteurs une idée de narration original le dessins est précis j'ai hâte de lire le deuxième tome.