D
’abord un mort, puis rapidement un deuxième et encore un autre… L’escouade de l’inspectrice Tabares n’a pas le temps de passer d’une scène de crime à la suivante que le téléphone sonne pour annoncer une nouvelle victime. Encore plus troublant, tous les décédés sont rattachés au monde bancaire : il s’agirait donc de l’œuvre d’un tueur en série ! Surtout, pas un mot aux médias, il faut éviter de déclencher un vent de panique, les consignes de la hiérarchie sont claires. Le plus important est de boucler le dossier le plus rapidement et, tant les résultats des équipes scientifiques que les «tuyaux» de la pègre, toutes les informations sont les bienvenues.
Polar classique dans les règles de l’Art, nourri d’un discours social très à la mode, Proies Faciles marque le retour de Miguelanxo Prado aux affaires. Trois ans après l’intimiste et spectaculaire Ardalén, cette enquête procédurière, très scandinave par sa forme, intègre toutes les rancœurs, voire colères, que les abus des établissements financiers ont pu engendrer dans l’esprit du scénariste (et d’une bonne partie de la population). Tirée au cordeau, la narration suit donc ces policiers dans leurs tâches quotidiennes pour mettre la main sur le ou les coupables. Les indices, les fausses pistes, la tension entre collègues, les fuites dans la presse, la partition est bien dirigée, malgré l’omniprésence et parfois envahissante des innombrables sous-entendus politique « à charge ». C’est bon, le message passe, pas la peine d’en rajouter !
Graphiquement, Prado a choisi la voie de la sobriété et évite les effets de manche gratuits. La mise en scène particulièrement dépouillée met les acteurs au centre de l’action. Ces superbes portraits s’avèrent élégants et expressifs. Interrogations, peur, fatigue, etc., les émotions passent, c’est bien là l’essentiel. Pour finir, le choix du noir, ou plutôt, du gris et blanc, se révèle parfaitement à l’unisson avec l’ambiance générale de l’album.
Maîtrisé du début à la fin, Proies Faciles réunit tous les éléments d’un excellent thriller. L’auteur de Traie de craie démontre une fois de plus toute l’étendue de son talent.
Le célèbre dessinateur espagnol Miguelanxo Prado signe ici une sorte de fable sociale voire un réquisitoire sur le système bancaire de son pays. Les abus et les manigances des banques pendant la crise conduiraient les gens au meurtre. Les meurtres des indignés. Bien entendu, j’adhère peu au discours anti-capitaliste même si je reconnais que les inégalités doivent cesser de croitre. Après tout, on peut imaginer qu’un jeune banquier puisse diriger un jour un pays démocratique. J‘ai plutôt la haine contre tout ces vieux épargnants qui nous ont laissé une économie en ruine tout en profitant des trente glorieuses et de la retraite à 60 ans. Voilà, pour le principe, on peut avoir une pensée différente et moins d’égard.
Son héroïne n’est pas du tout sympathique. Elle exploite son collègue dans un jeu de séduction en l’obligeant à l’appeler chef ou de la vouvoyer ou encore de lui payer son repas alors qu’elle doit certainement gagner plus que lui. Bref, une horrible femme qui se la joue moderne.
Le rythme de cette bd est plutôt très lent. On n’assiste pas aux exécutions. Il y a beaucoup de dialogue. On arrive toujours après l’action comme si celle-ci était totalement absente de cette enquête policière qui privilégie la procédure. Par ailleurs, la conclusion ne m’a absolument pas convaincu.
Je sais que l’on crie au génie par rapport aux œuvres de cet auteur. Moi, j’ai un autre regard. Je n’ai rien contre lui ayant aimé la plupart de ses bd. Mais là, ce n’est pas très convaincant car trop classique. Même graphiquement, la sobriété sera de mise avec une absence de décors au profit des têtes de personnage d’une laideur certes convaincante dans une grisaille expressive. Non, je suis déçu car l’ennui prime véritablement.
Je ne connaissais pas cet auteur mais j'ai accroché avec le scénario des le début de l'album. Un graphisme qui colle parfaitement à l'histoire même si le dénouement est assez prévisible. On se prend bien au jeu de l'auteur et on passe un très bon moment avec cet album.
C'est un bon polard dont les dessins sont très agréables même si je n'y trouve pas assez de décors et trop souvent des personnages sur les planches mais la lecture est fluide et j'ai accroché tout de suite. Toutefois l'histoire semble un peu trainer à certains endroits, dont avant le déclenchement de l'enquête, peut-être était-ce un mal nécessaire. Pas de surprise, toutefois l'enquête tient la route, elle est claire, un peu trop simple et le résultat vite prévisible. Un peu de police scientifique en plus ça aurait été le bonheur. C'est une enquête classique un peu fade.
Les auteurs ont été généreux mais le prix aussi corrélativement. Je l'ai lu d'une traite. C'est un bon album sans plus, j'en ai lu de moins beaux mais de bien mieux également.