S
ara, Ermy, Lavinia, Lottie, Becky et James sont à Venise, pour le Carnaval ! Mais Sara est anxieuse : elle a été choisie par le comité d'organisation pour être la marraine de cette édition et devra ouvrir les festivités. Comme si ça ne suffisait pas, un drôle d’événement vient alimenter les rumeurs et jeter le trouble parmi la bande. La coïncidence semble malvenue. Et si tout était lié ? Mais qui aurait organisé tout cela ? Les amis sont bien décidés à répondre à ces questions.
Après deux cycles de quatre albums et avant d'en entamer un nouveau, Audrey Alwett marque une pause et offre à sa dessinatrice un joli cadeau. Servant de cadre à cette aventure, Venise est la ville de naissance de Nora Moretti. Peindre son architecture, ses gondoles, mais surtout ses costumes et masques (carnaval oblige) est donc une occasion rêvée pour revenir à ses racines tout en laissant libre court à l'imagination et au talent de l'italienne. Depuis maintenant sept ans et neuf tomes, son élégant trait se fait précis sur les décors, intérieurs comme extérieurs, mais aussi pour les différentes (et sublimes) tenues. Comme à chaque nouvel opus, son style s'affirme et s'émancipe un peu plus des influences manga. L'expressivité gagne encore en nuance, en sobriété, sans pour autant perdre en efficacité et demeure ainsi un des points forts du dessin. Par ailleurs, il est à noter l'excellent travail sur les couleurs : profitant de la profusion de textures, de volumes et de matières, Marina Duclos joue sur la lumière, les ombres et les dégradés multipliant les effets pour régaler les yeux.
La scénariste de Triskell ne s'est pas limitée à un petit clin d'œil esthétique, elle a concocté une intrigue qui se suit avec plaisir. Menée à plusieurs, l'enquête entraîne les héros de fausses pistes en rebondissements jusqu'au dénouement qui surprendra plus d'un lecteur. Même s'il pourrait se lire indépendamment des autres opus, son récit, rythmé et drôle, fait évoluer, avancer les relations qui lient les six jeunes gens. Ainsi, des sentiments tus depuis trop longtemps sont (enfin !) exprimés tandis que certains protagonistes voient leur situation évoluer. L'autrice évite la facilité de laisser «ronronner» des personnages bien campés et identifiés, renforçant l'idée qu'elle connaît la trajectoire qu'elle compte donner à sa trame.
Sans perdre en intérêt, Princesse Sara poursuit sa route. Cet épisode marque, certes, une pause dans l'intrigue mais reste dans le ton de l'ensemble : graphiquement maîtrisé, agréable à lire et entraînant. De quoi convaincre les plus hésitants de se jeter sur le prochain cycle (de trois ou quatre albums) qui commencera avec La guerre des automates.
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