L
a série suit le rythme de cette guerre qui n'en finit pas et perd peu à peu de son humanité. Jeune idéaliste qui a traversé ces six premiers tomes, le lieutenant Bouteloup se vide de sa substance après avoir perdu ses hommes, les deux femmes qu'il a aimées et son terrible père. La moitié du visage arraché, caché sous un demi-masque doré, il n'est plus que l'ombre de lui-même, un mort-vivant, un être qui continue de se mouvoir, de se battre pour autrui alors qu'il n'y a plus que des cendres à l'intérieur. Jusque là, le héros semblait assez épargné, inébranlable. Dans ce nouvel opus, il rejoint les innombrables cohortes de mutilés et blessés qu'il a soignées. L'histoire se déplace sur le front d'Orient, lieu assez méconnu du conflit dont la mémoire ne retient que les batailles de France. C'est l'occasion de découvrir un autre décor, d'autres adversaires et préoccupations politiques.
Le volume précédent semblait être une sanglante conclusion à la saga, mutilé au visage, l'intègre lieutenant perdait toute raison de vivre dans un bombardement loin du front, ciblant des civils. Et à l'instar de Bouteloup, privé de presque toutes les figures qui ont jalonné le récit, ce nouveau cycle parait anesthésié, sans rythme et sans émotion. Est-ce une subtile mise en abyme ou la suffocation d'une série de qualité ? Le dessin en ligne claire est toujours égal, avec les tons chauds de la Méditerranée qui donnent aux planches un air de vacances décalé. Comme toujours, un cahier didactique vient donner un éclairage scientifique et documentaire au scénario.
Un peu poussif, le redémarrage semble difficile, mais que peut-on demander à un homme mort ? Peut-être lui souhaiter une nouvelle raison d'exister, ou enfin la paix des tombes héroïques.
Bon tome 7 qui ouvre (certainement) le dernier cycle de cette série.
Cette fois-ci, Bouteloup est en mission spéciale sur le Front d'Orient (Macédoine, Bulgarie).