I
ls sont huit : Lake, le cerveau, Anders, Moore, Mellon, Quint, Kegg, Laurie et Jimmy. Ensemble, ils ont monté un coup qui a mal tourné. Anders est mort et Jimmy s'est fait la malle avec «le butin» pour se mettre au vert avec sa moitié, Rachel. Lancés à sa poursuite, ses complices vont voir se dresser sur leur route un gros souci : Orson Gage. Sa femme, policière, est morte pendant le braquage et il est bien décidé à la venger, coûte que coûte. Première étape, mettre la main sur ce que les voleurs cherchent et Rachel pourrait bien l'aider dans cette tâche. Une longue course poursuite s'engage alors, jonchée de fusillades, de sang et de cadavres.
Luther Strode avait déjà prouvé le goût de Justin Jordan pour les récits violents. Dead Body Road annonce la couleur dès le titre et confirme cette prédisposition. Heureusement, le scénariste connaît les codes du polar et les mélange avec bonheur : sous ses allures de récit hard-boiled, c'est une sorte de Whodunit auquel se livre son (anti)héros, Gage. Après une introduction éclatée qui plonge le lecteur dans le vif du sujet et lui demande de l'attention, une véritable chasse à l'assassin, dont l'issue ne fait aucun doute, s'installe. Cette succession d'affrontements pour trouver le «vrai» responsable sert alors de trame centrale, efficace mais sans réelle surprise.
Entre deux sorties de Black Science (avec Rick Remender au scénario) le duo Matteo Scalera (dessins) - Moreno Dinisio (couleurs) s'offre une récréation et vient habiller cette vengeance. Tandis que le premier s'appuie sur son trait nerveux - sa marque de fabrique - et sa facilité à représenter des séquences pleine de vitesse, le second varie les tons et joue avec les ombres. Il en ressort des scènes d'actions d'une grande force, dotées d'un découpage, notamment dans l'alternance plans larges/plans serrés, très cinématographique. Côté personnages, visages anguleux, gueules burinées, regards de tueurs sont au menu. Entre les bikers, les gangsters ou même les flics, l'occasion était trop belle pour laisser libre cours à son imagination et les présenter plus inquiétants les uns que les autres au premier coup d'œil. Mais, malgré une l'ambiance lourde bien restituée, la mise en page trop souvent hasardeuse rend le sens de lecture aléatoire et déroutant. Variant sans cesse entre simple et double page de manière peu claire, celle-ci s'avère parfois fastidieuse et cela nuit à l'immersion.
Lorgnant vers les films tels Heat ou Reservoir Dogs, Dead Body Road n'en atteint pas la virtuosité. Si l'esthétisme est soigné, la narration est trop chaotique pour en faire un récit marquant au-delà de la récréation sanglante et violente. Un bon moment tout de même pour les fans de castagne opposant quelques gros bras "armés jusqu'aux dents".
Pourquoi seulement deux étoiles à ce Dead body road ? C'est sans doute un polar trop violent et cela souffre d'un sérieux manque d'originalité dans la composition du récit. La vengeance donne lieu généralement à des bd baston digne des films de Charles Bronson ou encore de l'inspecteur Harry. Bref, deux neurones mais la gâchette très facile. Très peu pour moi.
On aurait un alors miser sur un scénario plus entreprenant. Mais non. Certes, c'est simple et rythmé avec des cadavres au bord de la route. La psychologie ne sera guère de mise. On a compris et on préfère changer de registre tant c'est creux. Passez, il n'y a rien à voir sur cette route.
J’ai déniché ce one-shot en lisant Slots, de la même collection chez Delcourt, et dont le nom de Scalera (lu sur Black science) m’a attiré autant que la très percutante couverture qui laisse imaginer la chevauchée sanglante du héros. On a donc bien une histoire classique de Vigilante sans morale décidé à décimer le gang qui a tué sa chérie. L’affaire s’annonce bien sur plus compliquée que cela et ça va défourailler sévère à coup de fusil à pompe et éclatage de boyaux sur la carelingue poussiéreuse de bagnoles poursuivies par des gangs de bikers camés… On connaît le cadre et si par moment le dessinateur italien sait placer de très bons cadrages, l’atmosphère poussiéreuse et quelques très belles poursuites de bagnole, les cases confuses restent trop nombreuses pour parvenir à nous maintenir sous tension. Si l’échappée commence plutôt pas mal et nous pose une belle galerie de salauds, une belle qui sait se défendre et un copains psychopathe, on finit par se perdre dans une intrigue qui piétine et des motivations assez confuses. Quelques incohérences physiologiques (le héros se prends x bastos et continue de cavaler sans conséquences) achèvent de décevoir sur cet album qui donne pourtant très envie d’être bienveillant. Dommage, une occasion ratée.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/02/15/sushi-baggles-28/
Un bon comics 100% action. Le scénario reste donc simple mais bien construit.
Le découpage des cases ainsi que les doubles planches lors des grosses scènes d'action est très plaisant.
Il faut souligner le beau travail au dessin. L'auteur arrive parfaitement à mettre en scène les combats et les poursuites tout en gardant une certaine fluidité dans ses traits.
Bref un pur road-trip très bien maîtrisé.
Une lecture qui change de ce qu'on peut trouver habituellement sur le marché des comics.
Les planches de Scalera sont superbes, rien à redire là-dessus, même si j'ai noté quelques facilités ça et là, à l'inverse de son travail sur Black Science, nettement plus rigoureux.
Niveau scénario c'est de l'action point barre.
Pas la lecture du siècle c'est sûr ...