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itz Loinvoyant, Œil-de-nuit, Kettricken, Astérie et le Fou errent dans le royaume des Six-Duchés. Les pirates rouges menacent Castelcerf. Guillot et Ronce sont à leur poursuite. L’heure est aux incertitudes. Comment sauver le territoire et y préserver la paix ? Qui est réellement le Fou ? Où se trouve le roi Vérité ? Un jour, au hasard de leur marche, la troupe découvre un espace où reposent des statues de dragons, immenses, à l’aspect étrangement naturel et expressif. Fitz, aidé par ses deux pouvoirs magiques, l’Art et le Vif, perçoit, dans les colosses de pierre, une infime présence de vie.
Ainsi commence le dixième et dernier volume de la saga L’Assassin Royal, Vérité le Dragon. Rappelons qu’il s’agit de l’adaptation de la trilogie éponyme de Robin Hobb, fresque d’Heroic Fantasy au succès mondial et aux multiples rebondissements et suites. Redevable aux écrits de Tolkien, L’Assassin Royal s’en démarque par une intrigue, un bestiaire et des personnages pittoresques qui lui sont propres.
Il s’agit de la conclusion de l’histoire. Les questions obtiennent des réponses, les voiles sont levés, les destins sont scellés. L’exercice est toujours difficile car beaucoup d’informations sont à traiter simultanément, tout en ménageant une dramatisation propre à l’achèvement, en maîtrisant le tempo et en ne perdant pas le lecteur.
Disons-le simplement, cet épisode ne fonctionne pas aussi bien que certains opus antérieurs. Jean-Luc Clerjeaud, qui porte le scénario depuis le septième tome, est débordé par le nombre d’éléments narratifs nécessaires à la compréhension. Il peine à faire entrer la richesse littéraire dans la concision de la bande dessinée. Cela donne de nombreux et longs phylactères, sans fluidité ni dynamisme. Pressés par la nécessité informative, ils en deviennent ennuyeux et, parfois, hermétiques. Le rythme d’une page ou d’un passage en pâtit également. L’action est réduite à la portion congrue, bien en deçà de ce qu’induit le destin violent des protagonistes ou l’énergie des forces en présence.
Le dessin ne rattrape rien. Celui de Christophe Picaud, illustrateur de la série depuis son troisième chapitre, verse dans le classicisme figé. Il n’y a pas d’erreurs techniques, mais planches et cases souffrent de l'absence de mouvement et de vie. Paysages, décors et vêtements manquent de ces détails à peine perceptibles donnant à un récit un relief et une atmosphère, conditions requises pour happer le lecteur et recueillir son adhésion.
Vérité le Dragon pose les limites de la mise en images de romans longs et denses, qui implique la sélection de ce qui doit être gardé, exercice complexe et frustrant. À trop vouloir être fidèle au texte initial, on en oublie parfois les codes de la bande dessinée.
Fin de la première partie de cette saga. Je suis content de l'adaptation BD. EN 10 volumes, cela doit regrouper les 7 premiers tomes de la collection en livre de Robin Hobb.