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in du XIIe siècle, Thierry est un héros, un vrai, sans peur et sans reproche. Trouvez une veuve ou un orphelin en détresse et il répondra présent. Il n’a pas de mérite, c’est dans sa nature. Dans La couronne de fer, il défend et libère un petit royaume danois envahi par Harald-le-borgne et ses Vikings. L’aventure est ponctuée de trahisons et de conspirations, mais également d’actes de bravoure et de marques de loyauté envers la reine Karin et son fils Sven.
L’histoire, scénarisée par Jean-Michel Charlier, a été présentée dans le magazine Spirou en 1960 et 1961. Seulement voilà, depuis, le genre médiéval a été dépoussiéré à quelques reprises : Thorgal, Les compagnons du crépuscule, Les sept vies de l’épervier et même Kaamelott. Les repères ne sont plus les mêmes et le lecteur de 2016 a du mal à réprimer un sourire quand un des personnages affirme : « Tel un mécréant sans foi ni loi, un fauve cruel et sanguinaire… ».
En fait, cette bande dessinée est un artefact, le souvenir d’un style révolu. Le bédéphile ne doit cependant pas oublier qu’en 1960, le périodique basé à Marcinelle a également publié Ruée sur l’Oklahoma (Lucky Luke), Le nid des marsupilamis (Spirou), Popaïne et vieux tableaux (Gil Jourdan) et La flûte à six schtroumpfs (Johan et Pirlouit), un album qui a pour cadre… le Moyen-Âge.
Derrière de lourds phylactères surchargés de texte, Carlos Laffond propose un graphisme de qualité, efficace, minutieux, mais très austère. Accentuant à l’excès chaque menu détail, il teinte l’ensemble d’une inquiétante étrangeté. La multiplication des gros plans sur des visages tourmentés contribue elle aussi à la sévérité des illustrations et du récit dans son ensemble.
Mentionnons enfin le travail des éditions Fordis qui mettent en valeur l’œuvre de Jean-Michel Charlier ; chacun des volumes est accompagné d’une préface et d’un solide dossier.
Un album pour les collectionneurs, les nostalgiques ou les collectionneurs nostalgiques.
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