Harry Mickson & Co. rassemble les premiers travaux d'une grande dame de la bande dessinée, Florence Cestac. Outre les cinq albums mettant en scène sa célèbre mascotte à béret, l’ouvrage présente une foule de documents inédits ou rares, le tout commenté avec humour par l’auteure en personne.
Occupée à la gestion des éditions Futuropolis et par la légendaire librairie éponyme qu’elle avait co-créées en compagnie d’Étienne Robial, la future Grand-prix de la ville d’Angoulême (cuvée 2000) était encore en mode rodage pour ce qui est de son œuvre personnelle. Graphiquement, le trait se cherche, se trouve parfois des modèles, pour mieux s’en libérer au fil des planches. Si les gros nez sont là depuis le départ, il faudra quelques d’années à la dessinatrice pour mettre au point le style tout en rondeur qui est devenu depuis sa marque de fabrique.
Mêlant habilement aventures farfelues et souvenirs autobiographiques, les récits sont également passionnants à (re-)découvrir. Anecdotes vécues sur les marchés aux puces, piques féministes, design et mode «vintage» , etc., c’est tout le début des années 80 qui reprend vie. Grâce à un esprit et un sens du gag affûtés, la scénariste fait feu de tout bois, sans jamais que ses histoires ne tournent en brûlot ou en leçon de morale. Elle est avant tout une raconteuse qui, sans jamais être dupe des hypocrisies de la société, reste intelligemment dans son rôle d’artiste. Résultat, près de trente après, ses petites fables ont conservé toute leur truculence, ainsi que leur côté satirique.
Agréable et pertinent, Harry Mickson & Co. permet de revivre en direct l’évolution artistique d’une figure majeure du Neuvième Art, tout en se payant une bonne tranche de fou-rire. Pourquoi s’en priver ?
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