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uasiment plus une attitude philosophique qui aurait trouvé un exutoire dans les arts, le Minimalisme apparaît à la fin du XIXe siècle comme une espèce de réaction face aux goûts de la bourgeoisie. D’abord farce, comme la toile gag du truculent Alphonse Allais intitulée Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige, cette démarche en opposition avec ce qui est généralement accepté comme la norme va contaminer toutes les muses pour les années à venir. Musique, peinture, sculpture, architecture, littérature, cinéma, bande dessinée, publicité, communication, politique, aucun domaine ne sera épargné par le «Less is more» de Robert Browning.
Le choix de Christian Rosset et Jochen Gerner pour présenter ce vaste sujet dans le douzième volume de La Petite Bédéthèque des Savoirs s’avère des plus judicieux. En effet, les productions respectives de ces auteurs sont toutes deux marquées par un penchant pour la sobriété et le dépouillement. Avant même de commencer leur exposé, ils mettent immédiatement le lecteur en garde : minimalisme n’égale pas simplicité ou désinvolture. Non, l’artiste minimaliste recherche avant tout à mettre en avant les éléments primaires nécessaires afin de provoquer une émotion. Pour atteindre ce but, il doit non pas élaguer ce qui existe déjà, mais, au contraire, reformuler complètement sa réflexion dès le départ pour qu’il ne subsiste au final qu’une œuvre autonome, à l’apparence franche et ouverte. À l’inverse du virtuose sûr de son trait, il doit avancer masqué pour éviter les effets de manche clinquants et se méfier des facilités, tout en conservant un sens à sa démarche.
Tout au long de l’album, les deux compères racontent, sous la forme d’un dialogue fort amusant, les différents aspects que ce mouvement a pris à travers le temps. Les explications sont denses, mais toujours limpides et les exemples innombrables et immanquablement parlants. D’Erik Satie à Miles Davis, de Le Corbusier à Herzog & de Meuron et d’E.O. Plauen à Lewis Trondheim, il y en a vraiment pour tous les goûts ! Résultat, sans en avoir l’air, l’ouvrage fait à peu près le tour de leur programme d’une manière élégante et passionnée. Synthétique, complet et intelligent, Le minimalisme se révèle être une franche réussite et devrait séduire tant les amateurs d’Art que ceux de bande dessinée.
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