C
e soir, Roussette, Cassis et les jumeaux Carcajou et Glouton vont pouvoir assister au «grand spectacle de Sylvestre, le chat sauvage !» Comme, en plus, c'est un ami de Basile, le papa de Roussette, ils pourraient même réussir à approcher la star et pourquoi pas lui demander des conseils afin de réaliser certains de ses tours. Encore une rencontre étonnante et une aventure passionnante à l'horizon pour la drôle de fratrie.
Après la famille recomposée, l'absence du père, le travail en équipe ou encore les différents rythmes de vie de chacun (au gré des saisons), place aux questionnements existentiels. Une remarque ou deux, évidemment blessantes et injustes, vont plonger Roussette face à des interrogations oubliées depuis bien longtemps. Quelle est sa place dans ce monde ? Est-elle une renarde comme les autres ? Ses parents sont-ils fiers d'elle ? Comme pour chaque titre, Brigitte Luciani a imaginé une situation vivante et drôle qui, tout en restant ludique, lui permet d'aborder un thème fort. Sans jamais forcer son propos, la scénariste expose les doutes qui peuvent assaillir les enfants lorsque le regard des autres bride leurs envies voire leurs vocations. L'impact d'un «tu ne peux pas faire ça !» et ses conséquences sur la confiance en soi, en quelque sorte. De manière toujours bienveillante, elle donne des clés pour dépasser ses frustrations, relativiser les remarques malintentionnées et ouvre la réflexion sur ce qui est essentiel : la famille, les proches, leur reconnaissance et leur amour. Évidemment, plusieurs niveaux de lecture cohabitent et tous les publics, surtout les plus petits, y trouveront leur compte : les jumeaux restent incorrigibles, Cassis grandit mais reste toujours adorable et tous les personnages sont terriblement attachants.
Surtout qu'encore une fois, les dessins sont un régal. La prestation d'Éve Tharlet, peut-être la plus aboutie de la série, suffit à elle seule à passer un très bon moment. Ses aquarelles flattent la rétine et accentuent le charme qui se dégage de cette histoire. Au fil des séquences, les teintes qu'elle utilise changent et c'est un véritable défilé de camaïeux de bleu, de vert et de marron qui est ainsi proposé. Son trait fin et élégant, affranchi d'encrage, contribue aussi à cette sensation de douceur. Enfin, les variations en terme de découpage comme dans les compositions (ah, cette double page sur les acrobaties de Sylvestre !) assurent une large diversité tout au long de la trentaine de planches.
Monsieur Blaireau et Madame Renarde ont sans conteste une drôle de famille. Mais comme toutes les autres, ses membres se chamaillent, se réconcilient, s'épaulent et se soutiennent tout en grandissant à leur rythme. Au fil des albums, la série continue de figurer parmi les meilleures du genre. Et ce sixième opus est un nouveau prétexte pour les retrouver avec le même bonheur et un seul regret... qu'il se lise trop vite.
Poster un avis sur cet album