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ura est inquiète pour Belsem, le dieu dont elle s’occupe, qui dépérit faute de prières et d’offrandes. Lorsqu’une requête du duché voisin adressée à toutes les divinités de la région arrive, assortie d’une très modeste obole, ils n’ont pas d’autres choix que de prendre la route pour rejoindre le palais ducal. La prêtresse compte bien aider le prince et obtenir des faveurs pour sa déité. Malheureusement, un malaise règne en ce royaume et la situation dégénère rapidement.
Jean-Gaël Deschard propose une fable destinée aux enfants dans laquelle les humains et les divinités vivent côte à côte et ont besoin les uns des autres pour exister. Derrière une apparente légèreté, l’univers créé se révèle assez riche de par les thèmes abordés. La relation avec les « éternels » est intéressante et permet d’évoquer la relation à la foi, la dérive d’une société vers des aspirations matérialistes, le refus des responsabilités et de grandir ou encore la loyauté et le courage. Néanmoins, tout ceci reste toujours intelligible pour le jeune public grâce à des dialogues (il n’y a aucun récitatif) accessibles et définissant bien les enjeux et une petite héroïne touchante qui verra sa conviction et son dévouement mis à l’épreuve.
Fort d’un contexte étoffé et de personnages attachants, il est aisé de parcourir ce récit à l’ambiance onirique porté par le graphisme de Juliette Fournier. Son trait inspiré des mangas est séduisant malgré une légère rigidité. La dessinatrice compose des personnages expressifs, des dieux à l’allure (lointaine) de Pokémons et des décors évoquant l’Asie du sud-est. Sa mise en scène à travers des grandes cases est aérée et fluide tandis que les couleurs vives se révèlent accueillantes.
Il est finalement dommage que l’album ne comporte pas quelques pages de plus afin d’étoffer l’aventure, la résolution de l’intrigue étant un peu trop rapide. Il n’en demeure pas moins que ce premier tome, auto conclusif, à l’ambiance douce mais pas du tout aseptisée, a tout pour séduire.
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