U
n jeune anglais est retenu à Los Angeles. Des tempêtes de neige successives empêchent tout avion de se poser à Londres. Alors il tue le temps, notamment en retrouvant une vieille connaissance, Tink, et sa petite fille Susan. Après une soirée sans passion, dont les souvenirs sont flous ou incomplets, il traîne sur un banc, au milieu d’une nuit moite. Un homme l’aborde. En échange d’une cigarette, il propose de lui raconter une histoire. Son récit commence par un meurtre. Une entrée en matière banale, sauf que cette fois le crime a été commis au Paradis. Un ange a été assassiné. Raguel va alors mener son enquête au cœur de la Cité d’Argent, au milieu des artisans de l’univers, rencontrant divers acolytes, dont un, nommé Lucifer, ayant un comportement un peu différent.
Le Premier meurtre est l’adaptation d’une nouvelle et d’une pièce radiophonique de Neil Gaiman, connu pour Sandman, L’Étrange vie de Nobody Owens et ses multiples collaborations à DC Comics. Philip Craig Russell, quant à lui, a adapté en bandes dessinées divers contes et opéras, tout en contribuant aux univers de Batman ou Star Wars, entre autres. Les deux auteurs ont déjà cosigné plusieurs ouvrages, dont Coraline.
Ils ont ici relevé trois défis : raconter comment et pourquoi un meurtre peut être perpétré dans la Cité des Anges, représenter graphiquement le Paradis et enfin imbriquer deux histoires ayant pour seul point commun un ange déchu. L’imagination la plus débridée côtoie ainsi une trame narrative rigoureuse et prenante. Oscillant entre ce qui est montré et ce qui est suggéré, le récit trouve un point d’équilibre entre un déroulé classique et quelques blancs dans lesquels le lecteur pourra comprendre le véritable sens de l’œuvre.
Graphiquement, l’album est particulièrement soigné. Russell est extrêmement méticuleux dans le découpage, la mise en page et l’écriture des dialogues et monologues (comme en témoigne l’intéressant dossier comprenant les commentaires du dessinateur sur son travail). Il utilise tous les matériaux mis à sa disposition, ainsi que les combinaisons possibles entre eux, pour livrer un ouvrage dans lequel rien n’est négligé ni superflu.
Sans polémique explicite ou sous-jacente, cette plongée criminelle dans un Éden fantasmé et exempt de toute caricature, offre une lecture pertinente de la face cachée de la Genèse et une peinture troublée de l’âme humaine.
Cette bd est bazardée actuellement à 3 euros dans les supermarchés du coin. Qu'est ce qu'on risque à la lire quand on voit le célèbre auteur Neil Gaiman qui signe le scénario ? Presque rien. A ce prix, c'est même jeté à la tête. En feuilletant la bd, on se rend compte très vite que les dessins sont de grande qualité. Il ne reste plus qu'à juger le fond en toute sérénité.
C'est marrant de lire une histoire de meurtre chez les anges avec pour échos la ville de Los Angeles à savoir la fameuse Cité des Anges. J'ai passé une semaine dans cette gigantesque mégalopole. Je trouve que les auteurs ont su analyser correctement cette vision dont la régularité des rues la rend presque parfaite. Le parallèle avec le monde des anges est une belle trouvaille très audacieuse.
On se demande au début où l'histoire va nous mener quand un vagabond raconte à l'anglais un curieux récit. On comprendra tout le sens du titre qu'à la fin. Il faut dire que je me suis posé la question plus d'une fois.
Cette enquête criminelle en milieu divin est franchement passionnante. Il y a bien sûr Lucifer qui est présent quand ce dernier était encore un ange au service de Dieu. Cependant, le coupable ne sera pas évident à trouver. Plus encore, ce sont les motivations qui sont les plus importantes.
Pour autant, à la fin de la lecture, on aura presque envie de vomir tant que cette histoire est horrible à souhait. Bref, je ne peux pas dire qu'on passe un bon moment. Franchement, les anges ne sont plus ce qu'ils étaient. Soyez sage comme un .... !