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réé par Gotlib au milieu des années 1960, Gai-Luron a quitté la scène il y a trente ans. Mais voici que Fabcaro (aux crayons) et Pixel Vengeur (aux pinceaux) le sortent de sa maison de retraite. Les nouvelles péripéties du plus stoïque des chiens ont essentiellement pour objet sa relation sentimentale et maladroite avec Belle-Lurette. À cela s’ajoutent les conseils, généralement peu judicieux, prodigués par Jujube le renard pour l’aider à conquérir sa douce. Les aventures de celui qui ne porte plus de slip provoquent peu de rires francs, mais suscitent de nombreux sourires. Parallèlement, à l’instar de la coccinelle de la Rubrique-à-Brac, une souris propose un récit dans le récit, souvent plus amusant que l’histoire principale. Le bédéphile se surprend fréquemment à revenir sur une bande, voire une planche complète, pour détecter ces minuscules touches d’humour.
L’album est certes agréable, mais le lecteur a néanmoins l’impression que le scénariste n’est pas parfaitement à l’aise avec ce personnage. Un peu comme s’il respectait trop son créateur et qu’il n’arrivait pas à amener le canidé aussi loin qu’il le voudrait. Il est évident que Fabcaro peut faire bien mieux, par exemple Zaï ZaÏ Zaï Zaï, une réussite totale qui a pleinement mérité les prix des libraires BD et de l'ACBD en 2016.
Le trait caricatural de l’illustrateur est fidèle à celui du Maître. Il n’hésite d’ailleurs pas à s’approprier les tics graphiques de l’homme aux lunettes noires. Les personnages sont généralement expressifs ; les effets de tremblement, gouttes de sueur, nuages de vapeur au-dessus des têtes, cheveux dressés ou onomatopées sont efficaces et renforcent l’impassibilité du clébard qui reste impassible alors que tout ce qui l’entoure est agité.
Un retour bien mené… mais le monde a-t-il vraiment besoin de nouvelles aventures de Gai-Luron ?
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