1956. Sous un soleil brûlant, Alexandre vient d'être incorporé en Algérie, à l'école militaire d'infanterie. La routine s'installe : des gardes de nuit, des gardes... de jour, quelques examens, rien ne laisserait penser à une guerre. De temps en temps, des coups de feu, échappés d'une sono pour conditionner les élèves-officiers ou le tir d'un allié distrait, une peur latente entretenue par la paranoïa des anciens d'Indochine.
Après son retour d'Algérie, en quelques cases, Cabu avait fait le même constat : vacuité du service, ordres crétins et supérieurs infatués par leur propre bêtise. Une scène résumait tout : des troufions escaladant une colline sous un soleil de canicule pour porter de lourds jerrycans d'eau. Et une fois arrivés, un hélicoptère vient se poser pour offrir une bouteille de champagne dans son seau de glace au commandant. Tiré d'un témoignage direct, Soleil brûlant en Algérie rapporte les mêmes scènes ubuesques d'une armée qui semble faire de la figuration. Rien des combats, rien des massacres, rien des enjeux et déchirements au sein de la population, indigène ou colons, rien de toute cette passion, cette rage qui brûle toujours soixante ans plus tard. Juste le néant de l'abrutissement, l'absence de valeur, le néant idéologique.
Le travail de Gaëtan Nocq est remarquable, tellement ses planches en crayonnés dégradés rendent la moiteur et l'ennui presque palpables. Il y a quelque chose d'angoissant à contempler les paysages désolés et silencieux où il ne se passe presque rien. La peur semble surgir de l'imaginaire qui cherche à meubler son attente. Une sorte d'enfer de l'éternité.
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