T
out le monde le sait, la nuit, on ne sort pas de chez soi à cause des terribles Gedô, des corbeaux monstrueux qui se repaissent de chair humaine. Cela n’empêche pas Miroku, seize ans, d’aller faire des petites balades nocturnes. Il n’a peur de rien, surtout pas de ces légendes faites pour effrayer les enfants. Résultat, puni par sa mère, il doit rester à l’intérieur du temple dans lequel ils résident. Il profite de cette intolérable incarcération pour explorer les sous-sols du sanctuaire et, par maladresse, libère Sutoku, le terrible maître des Gedô. La situation dégénère rapidement alors que sa sœur, Hifumi, est transformée en démone, tandis que leur mère se sacrifie pour leur sauver la vie. À partir de ce jour, le jeune homme n’aura qu’une idée en tête : retrouver Sutoku et le détruire afin que la malédiction d’Hifumi soit levée.
Malgré un propos copieux, Les six Destinées repose sur une mécanique bien rodée et, une fois les coups d’éclats stylistiques écartés, très simpliste. Un héros en pleine crise d’adolescence voit se dresser sur son chemin différentes épreuves nécessaire à son accomplissement. Pour donner un semblant de contenance à son scénario, Sayuki a glissé çà et là quelques vagues éléments tirés des légendes bouddhiques. Mélange de mysticisme de supermarché, de folklore japonais et de coups de coude contemporain, les mésaventures de Miroku sont néanmoins bien ficelées et particulièrement rythmées. Lecture «détente» ciblée jeunesse, ce shōnen classique mise plus sur l’énergie que l’originalité.
Graphiquement non plus, pas beaucoup de surprise. Le dessinateur connaît son métier et ses astuces. Il utilise à bon escient ses connaissances du genre en les mettant exclusivement au service du flot narratif. Chaque case ou élément du décor doit être avant tout utile au récit, son esthétique n’est que secondaire ; la situation est similaire pour la mise en page. Les personnages suivent la même règle, mais, heureusement, s’avèrent extrêmement bien travaillés. Les Rikudo, les alliés de circonstance de Miroku et, tout particulièrement Sutoko, le méchant aux allures de Joker, sont dépeints avec minutie et un certain maniérisme à l’élégance très étudiée. Au final, l’amateur de manga sera certainement plus happé par le dynamisme de l’ouvrage que par sa profondeur : c’est sans doute le but recherché.
Poster un avis sur cet album