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ix juin 2000, le président syrien Hafez El-Assad meurt ; Haytham est alors âgé de quatre ans. Quand il voit l'enthousiasme de son père professeur, farouche opposant au régime, il comprend que quelque chose d'important est en marche. Mais la liesse est de courte durée car, tel père, tel fils, la dictature est loin d'être terminée.
Nicolas Hénin, journaliste et ex-otage en Syrie, laisse la parole à un enfant pour relater de l'intérieur la naissance de la révolution. Il livre une histoire simple et authentique, où les événements se déroulent chronologiquement. Les explications, nécessaires à la compréhension des différents problèmes, sont insérées dans la narration pour que le lecteur puisse prendre la pleine mesure des enjeux. La répression policière, les interrogatoires, la torture et toutes les privations imposées à la population, ainsi que l'exil final en France sont vus à travers les yeux de Haytham, qui n'aspire qu'à être heureux dans sa famille et à pouvoir aller à l'école.
Pour cette biographie, le dessinateur Kyeungeun Park (Yallah Bye) utilise un trait réaliste et expressif qui individualise bien les personnages. Cependant, certains visages sont parfois déformés selon la perspective. Le traitement en noir et blanc ombré de nuances de gris manque de passion, d'impact ; la couleur aurait apporté un supplément d'émotion.
Le scénariste avait créé une polémique suite à une interview où il présentait les terroristes comme des victimes. Ici, il ne prend pas position et n'entre pas dans les détails de la complexité du conflit. Le but est de montrer que le courage et l'espoir paient, pas de livrer un pamphlet engagé. Mais, de ce fait, l'empathie a du mal à naître. C'est d'ailleurs la faiblesse de l'ouvrage. Si l’aspect instructif, la vision au plus près des populations sont irréprochables, l'identification au garçon est plus difficile. Le discours reste curieusement détaché, assez froid alors que tout autour, des drames se jouent.
J'ai trouvé ce témoignage d'un enfant syrien assez poignant sur ce qu'il a vécu dans son pays dirigé par un dictateur sanguinaire à savoir Bachar El Assad n'hésitant pas à massacrer la population pour rester au pouvoir. Oui, il faut appeler un chat un chat.
On suivra le parcours de ce brillant élève dont le père va se lancer dans la résistance suite au printemps arabe. On verra malheureusement tout ce que subi ce peuple opprimé entre torture et répression par le pouvoir sanguinaire en place.
Pour le reste, c'est une bd qui est joliment dessinée en noir et blanc dans un style très réaliste qui colle aux événements. Il y a également une narration assez intéressante même si elle manque un peu de chaleur. La lecture est plutôt facile d'accès.
J'ai apprécié le fait que l'auteur ne verse pas dans le patho ou l'émotion car les idées passent plutôt bien. J'ai également apprécié le fait que ce jeune adolescent qui a été recueilli par notre pays remercie la France malgré toutes les difficultés rencontrées.
C'est une histoire vraie, un documentaire, un témoignage intéressant sur l'une des plus graves crises de ces dernières années dans le monde.
Nicolas Hénin retrace le parcourt d'Haytham, de la Syrie à la France, avec l'aide de Kyungeun Park au dessin. Un bout de vie riche en événements politiques. Les dessins en noir en blanc sont parfois inégaux mais la lecture est aussi émouvante qu'instructive, Une vie de migrant parmi d'autres.