L
a douceur du Maroc, l’insouciance de l’enfance, effacées d’un simple coup de griffe ! Il y eu un avant radieux, il y aura un après sombre et interminable. La rage au cœur, la hargne au ventre, Liam gaspille sa vie à lutter contre la bête qui lui ronge les entrailles, celle qui veut son âme.
Il est des couvertures, fussent-elles perdues entre mille, qui attirent le regard. La composition de Vérane Otéro est de celles-ci, véritable condensé du second album en tant qu’auteur complet de Nicolas, son mari.
Écrit à la première personne, Confession d’un enragé n’est pas uniquement une autobiographie. Il est également question d’une réflexion sur cette révolte sourde et maladive qui étreint fasse à l’injustice ou, plus prosaïquement, face à certaines contrariétés. Liam ne peut contenir cette violence qu’il laisse parfois éclater dans une bouffée destructrice. Inconsciemment, il s’invente un châtiment qui lentement l’attire dans une spirale autodestructrice à la fin sans surprise. Traité sur le ton de la nostalgie, de l’humour, de la dérision, puis du cynisme et enfin de l’espoir, Nicolas Otéro livre le récit ambigu d’un coupable que l’on voudrait victime. Liam porte-t-il à jamais les séquelles latents de la rage, comme l’analyse clinique qui rythme le récit tendrait à le faire croire, ou s’agit-il de quelqu’un qui cultive sa névrose avant d’être totalement dépassé par celle-ci ? Peu importe, le récit se lit d’une traite et quelle que soit l’hypothèse retenue par le lecteur, celui-ci se retrouve inexorablement entraîné par la relation symbiotique qu’entretient le jeune héros avec sa maladie… avec ce félin intérieur ! Pour rendre compte du crescendo des tensions, Nicolas Otéro matérialise le mal qui prend possession du jeune garçon par une mise en couleur et des circonvolutions travaillées, renforçant ainsi un graphisme qui, curieusement et malgré toutes ses qualités, ne peut exprimer toute la perversité d’un garçon qui fait plus figure de sale gosse que de bad boy.
Sept vies, tel était le marché ! À bien y compter, il en resterait deux… Suffisamment pour tenir la bête à distance sous réserve de ne pas y céder encore, et encore !
Il n’y a rien de plus traitre et que de dangereux qu’un horrible chat. Un garçon de 4 ans va en faire l’amère expérience après une attaque sauvage dans les rues d’une ville marocaine. Il va aller à l’hôpital, puis suivre un traitement qui le conduira hors de ce pays d’Afrique pour rejoindre la métropole. Il va même devoir se séparer de son pauvre chien pour une histoire de voisin ne supportant pas les dérangements. On peut comprendre les confessions d’un enragé.
Il n’est pas question seulement d’une révolte chez un jeune qui découvre la vie et ses multiples facettes. Cela sera surtout en rapport avec la rage, cette terrible maladie virale qui fait encore entre 40000 et 70000 morts à travers le monde chaque année notamment en Afrique et en Asie. Il est dommage que ma ville natale alsacienne soit si mal orthographiée : cela m’a fait mal au cœur surtout que pour une fois une œuvre en parlait pour un fait historique survenu en l’an de grâce 1220.
C’est effrayant de savoir que lorsque les premiers symptômes apparaissent, la mort est une quasi-certitude. C’est pourquoi il est toujours recommandé d’aller subir un traitement antirabique lorsqu’il y a morsure avec un animal (chat, chien, renard, loup ou chauve-souris…). Oui, on en apprendra un peu plus sur cette maladie qu’on croyait disparu et qui peut malheureusement toujours faire des ravages surtout quand on se déplace à l’étranger. Il y aura une partie assez ennuyeuse avec beaucoup de termes médicaux compliqués qui tranche avec le reste. A croire que cela a été recopié sur un manuel de médecine. Une simplification en d’autres termes aurait été souhaitable.
Maintenant, il y a surtout le parcours initiatique et fantastique d’un petit garçon qui va garder cela en lui durant des années. Le chat viendra le hanter alimentant une aversion pour ce type d’animal. Cela explosera forcément à un moment ou l’autre et l’on ressent cette tension permanente. La fin n’est pas du tout crédible mais on passera l’éponge. Il y a tout d’abord un atout graphique assez considérable dans un style semi-réaliste avec une superbe mise en couleurs. Et puis, le récit est assez prenant par moment avec des surprises intéressantes. Bref, cela perturbe pour le pire et le meilleur.
Album plutôt surprenant. Déroutant, même.
L'histoire commence de manière assez brute et le reste de l'histoire est assez dure aussi.
La longue descente du personnage principal est bien illustrée et le dessin contraste en permanence entre douceur apparente et brutalité intérieure.
Le livre est plutôt prenant et le lecteur est tenu en haleine. Il m'a été impossible d'arrêter avant la fin.
Au final, je ne peux pas recommander ce livre car je l'ai trouvé perturbant mais il est le fruit d'un travail conséquent, qu'on ne peut ignorer.
Pour les amateurs du genre.