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iquel est écrivain. En panne d’idées depuis des années, il s’est recyclé en marchand de bonbons, tout en étant certain que tôt ou tard il produirait un grand roman. Du jour au lendemain, il déménage avec femme et enfants pour se faire embaucher comme garde du corps au service du maire d’un petit village vaguement menacé par le mouvement terroriste espagnol ETA. Le héros est convaincu que cet univers palpitant lui apportera l’inspiration. La réalité sera toute autre : aspiré par cette nouvelle fonction, il voit sa vie partir en vrille, et y perd sa liberté et sa famille.
La proposition n’est pas fondamentalement inintéressante. Raconter le quotidien du cerbère d’une obscure personnalité de province, pourquoi pas. L’auteur n’arrive malheureusement pas à captiver son lecteur avec cet ange gardien qui passe la plus grande partie de son temps à attendre sous la pluie. Le protagoniste apparaît au mieux comme un doux rêveur, un peu benêt et incapable de se prendre en main.
Pour trouver de l’intérêt à cet album, il faut regarder du côté du dessin. Judith Vanistendael, qui s’est fait remarquer il y a quelques années avec David, les femmes et la mort, démontre une fois de plus l’étendue de son talent. Avec ses crayons de couleur, elle donne à ses illustrations une puissance qu’elles n’avaient pas dans ses ouvrages précédents. Les influences sont multiples : personnages avec des bouilles rappelant celles de Christophe Blain (une scène est un pastiche de Quai d’Orsay) ou de Pétillon ; les décors, sombres, évoquent parfois ceux de Gipi, mais à d’autres moments sont ensoleillés comme des dessins de Loustal.
La luminosité est d’ailleurs à cet album ce que la musique est au film. Les cases illustrant l’univers de Miquel avant sa réorientation professionnelle et les épisodes avec sa famille sont généralement très claires, contrairement à sa vie de garde du corps représentée par des teintes beaucoup plus ternes. Il arrive que les deux se confondent, on découvrira alors les enfants dans un halo qui tranche sur un arrière-plan charbonneux. Les scènes avec la compagne du personnage principal sont pour leur part de plus en plus noires, jusqu’à ce que le couple éclate.
Un récit banal, sauvé par le coup de crayon exceptionnel d’une artiste douée.
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