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erebelote pour Fabrice Erre qui, pour la troisième fois, écrit le journal de son année scolaire. Dans un mélange de courtes bandes dessinées et de caricatures souvent très drôles, il porte un regard sur le quotidien d’un lycée où tout le monde semble angoissé : par le bac, les copies à corriger, le bac, le choix d’un agenda... sans oublier le bac.
À ranger parmi les auteurs d’autofiction, celui qui a également dessiné Z comme Diego mène en effet une double vie : bédéiste et enseignant d’histoire et de géographie ; la seconde inspirant évidemment la première. Certains gags sont convenus et prévisibles, mais la plupart décrochent un sourire et parfois un rire chez celui qui se rappelle ses années de lycéen. Lorsque son personnage s'interroge sur certains aspects du système scolaire français, le lecteur se doute bien que c'est l'enseignant qui s'exprime.
L’auteur n'hésite par ailleurs pas à commenter l'actualité et c’est probablement la principale faiblesse d’Une année au lycée. Publier sur le blog du Monde une chronique au lendemain des événements du 13 novembre est certainement pertinent. Le même propos est malheureusement beaucoup moins percutant lorsqu’il est présenté en album l’année suivante. Et qu’en sera-t-il dans cinq ans ?
Le coup de crayon de Fabrice Erre est simple et efficace. Ainsi, le personnage principal a tout ou plus cinq ou six expressions faciales et les décors sont généralement très sommaires. Le lecteur n’y perd cependant pas au change ; dans cette production qui se consomme très rapidement, son œil est guidé vers les éléments les plus significatifs et il ne risque pas de s’égarer dans les détails, comme il le ferait dans une illustration de Franquin ou d’Uderzo. La colorisation est à l’avenant : une couleur pour le dessin, une deuxième pour les bulles. Bref, pas de flafla, l’auteur et son lecteur n’ont de temps à perdre avec cela.
Quoiqu’il en soit à sa troisième variation sur un même thème, Fabrice Erre continue de faire sourire.
On prend les mêmes et on recommence.
Dessins identiques, humour égal, couleurs et trait minimalistes, anecdote de lycée…
Moins déçu que le second tome, celui-ci mêle un peu les deux précédents : une sorte de fil sur l’année, des histoires plus longues, comme dans le premier ; des gags très brefs comme le second…
Rien de novateur puisque la surprise du 1 est passée ; reste l’humour, les petites phrases…
Si on marche à ce genre d’humour dégagé, observateur, conciliant mais cynique, on passe un bon moment. Sinon, c’est de la redite. Je fus entre les deux : passé un moment sympa mais c’est du déjà vu.