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ans la purée de pois d’une nuit d’août 1937, un sous-marin espagnol fait surface dans la rade de Brest. Rapidement, le navire devient un objet de convoitise et le préambule d’un conflit qui ravagera l’Europe quelques années plus tard.
La guerre constitue une source d’inspiration malheureusement inépuisable. Celle d’Espagne n’échappe pas à la règle, s’il est fait référence à quelques parutions récentes du neuvième art comme Dolores de Bruno Loth, España la vida de Maximilien Le Roy et Eddy Vaccaro ou bien L'art de voler d’Antonio Altarriba, sans parler du mythique, mais plus lointain, Phalanges de l'ordre noir du duo Christin/Bilal, et la liste est encore longue… Alors que nombre de récits guerriers s’attachent à ceux qui combattaient, étrangement, les albums sur la lutte sanglante qui opposa les forces républicaines aux troupes franquistes s’intéressent plus à ceux qui la subirent, à l’instar des Temps mauvais (Les) de Carlos Gimenez. Peut-être faut-il voir là les conséquences d’une confrontation armée qui, contrairement à son illustre ainée, opposait non pas des nations, mais un peuple à lui-même ! Cette dualité se retrouve dans Nuit noire sur Brest, dans une variation navale.
Avant tout, il y a les dialogues et surtout cette voix off - un rien désabusée - qui révèle magnifiquement les dessous des cartes d’une partie de dupes entre une France qui prônait, quelque peu forcée, la neutralité, mais qui laissait communistes et anarchistes porter assistance aux Républicains pendant que les nervis du Parti Social Français s’employaient auprès des barbouzes nationalistes. Cependant, au-delà du flot des mots, il y a une atmosphère. Celle de l’avant-guerre, celle du port de Brest avec sa brume, ses putes ou ses ouvriers syndiqués, celle des arcanes du pouvoir où grenouillent faux diplomates et vrais espions, celle - équivoque - d’un affrontement en devenir dont personne ne veut entendre parler alors que Guernica n’en finit pas de brûler au-delà des Pyrénées. Pour donner consistance à l’impalpable, à l’indicible, la couleur est nécessaire, et celle de Damien Cuvillier fait merveille en illuminant bordels et sous-marins, tout en dépeignant Brest autrement que sous la pluie. Et s’il ne peut être passé sous silence un graphisme qui, sur certaines planches, frôle la démonstration en cherchant la difficulté, il faut convenir qu’il trébuche – parfois – curieusement sur de petits détails.
Fiction historique qui, au travers d’une anecdote, conduit à s’intéresser à une période aussi confuse et ambiguë que les personnages qui la peuplent, Nuit noire sur Brest sait - au-delà de l’agréable - jouer sur le registre du pédagogique en proposant un dossier qui permettra au lecteur de revenir à l’Histoire, la vraie et de terminer l’aventure du C-2… du moins jusqu’à Carthagène !
On nous présente ce récit comme un acte de guerre sur le territoire français dans le combat opposant les Républicains et les Franquistes en août 1937. Pour autant, c’est juste une tentative de prise de contrôle d’un sous-marin dans la rade de Brest. Un fait plutôt méconnu qui est mise en lumière. Cela me fait penser au sous-marin nazi dans le fleuve Saint-Laurent durant la Seconde Guerre Mondiale ou à celui des confédérés au large de la Normandie. Là encore, des faits assez méconnus mais qui ne sont pas significatifs.
Je n’ai pas été emballé par le scénario qui reste très terre à terre comme pour mieux respecter une certaine chronologie des faits. Il y aura même la belle espionne de service. Au niveau du graphisme, par contre, c’est de toute beauté avec une mention spéciale pour le jeu de couleurs. La ville de Brest d’avant-guerre est magnifiquement représentée avec ses prostituées ou encore ses ouvriers syndiqués. On sait que la ville sera entièrement bombardée durant la Seconde Guerre mondiale et qu’il ne restera plus grand-chose de ce qui avait été. C’est toujours un témoignage intéressant de l’atmosphère de cette époque.
Cette bd présente des avantages pour les passionnés d’Histoire à travers une petite anecdote. On se rend compte par exemple que la soi-disante neutralité de l’Etat n’était pas très respecté sur le terrain. Un one-shot historique très soigné à découvrir.
Histoire passionnante, dessin impeccable, juste un soucis ( pour moi..) avec les différents personnages pas assez tranchés a mon goût. Du mal a les identifier durant toute l’histoire...
Beau travail scénaristique de Galic et Kris (ce dernier étant celui qui a découvert le livre relatant cette histoire vraie) parfaitement rendu par le dessin de Damien Cuvillier. Les différentes atmosphères sont particulièrement mises en valeur par une couleur directe de qualité et bien choisie à chaque fois.
si vous avez la possibilité de découvrir les planches de cette bd, ne passez pas à côté.
Pour les originaires de Brest, cette Bd est pleine des références et de clin d'oeil a cette ville et nous plonge dans son passé d'entre 2 guerres.
La Palme revenant au personne du journaliste Stanislas Le Roy, qui est une caricature de notre célèbre Steven Le Roy local...
« Nuit noire sur Brest », une petite merveille. A mon avis, il s’agit là de l’une des meilleures BD de 2016.
Histoire originale, en effet tout le monde se souvient de la destruction de Brest lors de la Seconde Guerre mondiale, mais qui se rappelle de ce sous-marin qui en 1937 a dû rallier son port suite à une avarie ?
Une confrontation entre républicains espagnols et franquistes ainsi qu’une pré confrontation entre communistes et extrême droite française. Franco tient absolument à prendre possession du sous-marin et pour arriver à ses fins, tous les moyens sont bons.
Personnages troublants, époque troublée. Dessins relevés, délicieux, fascinants. De vraies gueules, des individus avec de vrais caractères parfois sombres et ténébreux. Je dois dire qu’aucun d’eux ne m’a attiré la moindre sympathie, car il s’agit ici d’une confrontation entre personnes obtuses toutes persuadées de posséder la vérité. Ah si, le capitaine du sous-marin aurait pu, mais au bout du compte il s’agit du personnage le plus pathétique.
Un petit bijou que cette BD.