C
e n'est pas dans ce trou paumé de l'Illinois que Bradley, alias Bibow, va connaître l'aventure ! D’ailleurs, rien ne semble le toucher. À cause d'une anomalie génétique, tout le laisse de marbre et, entouré de gens du cru, bêtes et méchants, sa froideur constante détone. Mais son départ pour la guerre du Vietnam, en plus d'un sursaut de fierté familiale, pourrait bien changer le tracé droit et sans surprise de sa vie. Une aubaine pour la CIA, très intéressée par cette divergence...
Adapté du livre éponyme d'Axl Cendres (prix de "la pépite du roman adolescent européen 2012"), La drôle de vie de Bradley Bibow surprend. L'ouvrage est découpé en chapitres qui peuvent être regroupés en deux parties distinctes : l'avant et l'après découverte du "don". Le début de l'histoire nous présente, avec une bonne dose d'humour noir et un langage percutant, une Amérique profonde stéréotypée. Oui, c'est bourré de clichés mais c'est pertinent et la petite touche de piquant parfait le plaisir. La narration est à la première personne, entrecoupée de scènes de dialogues, permettant ainsi de pénétrer au plus profond les pensées cyniques de cet anti-héros, perdu dans ce milieu d'arriérés. Un second volet s'ouvre ensuite, où il entre de façon brutale dans la violence du conflit asiatique, presque irréelle. Son absence d'état d'âme et d'inhibition le pousse à agir de façon mécanique, voire absurde, il suit les ordres. Mais il est loin d'être stupide et a pleinement conscience du monde qui l'entoure. Au cours de ses missions d'infiltration et au contact des individus et de leur chaleur, la "machine" va peu à peu apprendre une chose essentielle : l'humanité. Les événements de l'époque des sixties sont évoqués en arrière-fond de la Guerre froide. L'auteur mêle la musique (Woodstock), le cinéma et surtout les faits politiques avec la paranoïa communiste, le pacifisme des hippies et le ras-le-bol de Saigon.
Né au Brésil dans une famille française, Nicolaî Pinheiro possède un style moderne et vivant, se distinguant par un trait fin, au service d'un graphisme réaliste. Il n'hésite pas à accentuer au besoin certains attributs pour faire ressortir les caractères, conférant aux protagonistes le profil souhaité. Il accorde un soin particulier à la coloration, chaleureuse et lumineuse. Les décors bigarrés rendent parfaitement les différentes ambiances, du froid de Moscou aux quartiers ensoleillés de Paris, en passant par l'étouffante jungle vietnamienne ou le New-York urbain.
La couverture laissait présager d'une comédie drôle et romantique. Au final, c'est un récit satirique et doux-amer qui est offert. Tout en gardant son identité personnelle et originale, ce one-shot rappelle Le tueur, de Matz et Luc Jaquamon, par la mise en couleurs,le contexte ou l'attitude détachée et lucide du personnage principal, étrangement attachant.
Très très agréablement surpris par cette BD. Déjà, la couverture toute colorée de vert au design psychédélique donne le ton. C'est joli et on imagine qu'on va suivre une histoire en plein Flower Power, teintée d'ambiance musicale propre au genre et ça, j'aime bien.
Sauf que sous un titre à l'apparence léger, l'intrigue va partir dans une toute autre direction et se révéler plus grave que je ne le pensais.
L'auteur va prendre le temps de décrire pas à pas la vie de Bibow, un personnage singulier, imprévisible qui a la faculté de n'avoir peur de rien, un don qui va le sortir de son trou perdu de l'illinois et qui va intéresser les hautes instances de sécurités américaines. S'ensuivra un long périple qui passera par la guerre du Vietnam jusqu'à un poste d'agent de la CIA.
Hélàs, on a beau avoir peur de rien mais l'humain reste une machine à émotions qui peut parfois s'enrayer...Quelques drames et désillusions seront au rendez-vous et on comprendra que le titre de l'album est finalement plutôt ironique.
Bien aimé ce one-shot que je vous invite à découvrir, d'autant plus que l'écriture est remarquablement fluide avec parfois quelques répliques bien senties.
Ce n’est pas forcément une drôle de vie qu’a vécu Bibow Bradley. Il est vrai que je ne me suis pas du tout identifié à notre héros, mauvais élève mais bon soldat. Il passera par la guerre du Viêt-Nam ce qui le rendra un peu fou puisqu’il ne tirera pas forcément du bon côté. La CIA prend quand même un risque en l’engageant pour des missions d’infiltration très spéciales. Il faut dire qu’il ne connait pas la peur ce qui peut présenter de sérieux atouts.
Sur la forme, le graphisme ne m’a pas du tout rebuté. J’ai bien aimé également toutes ces couleurs presque hallucinogènes et ce trait semi-réaliste. Ce n’est pas exceptionnel mais cela rend la lecture plutôt agréable.
Au final, nous avons le vie d’un homme bizarre mais traité de manière sympathique et très détaché. Cela pourrait se rapprocher d’une certaine manière du fameux Forrest Gump bien que la voie empruntée soit différente. Il est bon de voir qu’une humanisation peut se profiler au fil du temps chez un individu qui en semblait un peu dépourvu.
Superbe découverte que cette adaptation bd d’un roman.
On a plaisir à suivre l’enchaînement des événements et ligne de vie de ce bibow Bradley