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ous les vendredis sur le site du journal Le Monde, Morgan Navarro anime en bande dessinée la chronique Ma vie de réac. Sa devise : « On me traite de réac mais je ne le suis pas. Je suis lucide ». Bien que le ton soit humoristique, l’auteur porte un regard assez dur sur ses contemporains. Son alter ego est misogyne, homophobe et raciste, mais ce sont surtout les parents, un peu trop mous avec leurs enfants, qui constituent sa cible de prédilection. Au hasard de ses billets illustrés, il fait le procès des galettes des rois dans lesquelles on trouve autant de fèves qu’il y a d’invités à la fête, celui des adolescents trop bruyants ou encore celui de ces pères et mères qui cèdent au chantage émotionnel de leurs rejetons sur lesquels ils ont peu ou pas d'autorité.
Prises isolément, ces tranches de vie font sourire, voire rire. Lues en rafale, elles créent un certain malaise. Le misanthrope sera rassuré : les gens sont cons. À moins que ces chroniques soient écrites pour être lues au second degré. L’objectif du réac serait alors de dénoncer la discrimination sous toutes ses formes ? Rien ne l’indique, bien qu’il soit évident que pour faire rire son public, l’auteur exagère volontairement les traits de caractère de son personnage, lequel porte d'ailleurs son nom.
Dans cet album, Morgan Navarro occupe toutes les fonctions : scénariste, illustrateur et coloriste. Comme il est de coutume avec ce type de productions réalisées dans une certaine urgence (deux planches de six cases par semaine), le dessin se rapproche du croquis. Les personnages sont sommaires, les arrière-plans souvent inexistants et la mise en couleur minimaliste : une pour les acteurs, l'autre pour le décor. Bref, l'illustration n’a rien d’exceptionnel, mais elle soutient efficacement le propos.
Un regard lucide, quoiqu’un peu dur sur notre époque ; à lire par petites tranches si on ne veut pas choper le cafard.
Cet album m'a fait rire de la première à la dernière page. Sans doute parce que je suis moi même un peu réac.
Je me suis reconnu maintes fois dans cet album. Que cela soit lors d'un repas de famille, en discussion avec des amis ou dans mon lit vers 1h du matin. Les paroles et pensées de ce vieux réac sont d'une justesse chirurgicale. Il fait mouche à chaque gag.
Le propos est souvent très juste et équilibré. Le réac en prend pour son grade, mais on ne sombre pas dans la propagande bobo.
J'ai lâché le livre au bout de 20 pages, vite lues et assez quelconques.
L'auteur n'est pas allé au bout de ses intentions, et a tenté de ménager la chèvre et (surtout) les choux.
L'auteur a voulu se moquer des réactionnaires (dont les intentions sont aussi -voir plus- nobles que celles des révolutionnaires), en épousant en apparence leur pensée, pour mieux la ridiculiser.
Et cela se comprend dès la couverture, où le réac est ridiculisé parce qu'il s'émeut de voir 2 hommes se marier.
C'est la technique des nouvelles ligues de vertu qui sévissent actuellement ; la normalité est montrée du doigt au nom du prétendu droit à la différence.
Car le droit à la différence ne peut s'appliquer qu'aux minorités ; la majorité est priée de s'écraser, et de justifier ses actes.
(et si vous êtes blanc, chrétien, français de souche, avec des principes de vie, des valeurs de charité, de patriotisme et marié avec quelqu'un du sexe opposé, vous allez prendre cher !)
Je pense qu'au contraire, l'auteur a cherché à équilibrer les choses, à essayer de rendre sympathique son personnage de réac, mais pour ne pas être accusé d'être un réac lui-même, il a du donner des gages à ces nouvelles ligues de vertu, et tourner en dérision les pensées finalement pleines de bon sens du réac.
Le résultat est décevant, et soulant au bout d'un moment, car ce n'est pas très drôle. Le constat de départ est juste, mais la chute des "gags" fait pschitt. Souvent, je n'ai pas réalisé que c'était la chute de l'histoire.
Bref, il y a mieux à lire en ce moment.