A
vec L’ami Oscar, les dernières velléités d’innocence de l’enfance se dissolvent dans les brumes opiacées d’une adolescence qui s’achève prématurément. Les agneaux sont devenus de jeunes loups aux dents aussi acérées que celles de leurs aîné(e)s. Oscar devient un homme qui n’hésite pas à tuer, Chimère vend Panama pour un nom, le tout sur fond d’enjeux géostratégiques à l’échelle planétaire.
En mêlant grande et petite histoire sans autre lien que celui des déboires de Ferdinand de Lesseps, Christophe Pelinq et Melanÿn complexifient leur récit à escient. Cependant, il est désormais évident que cette parenthèse panaméenne, bien qu’elle permette de s’échapper du huis clos parisien, n’est là que pour justifier le marchandage entre la juvénile mère maquerelle et l’émissaire américain. Dommage, mieux exploité, la série aurait certainement gagné en noirceur comme en machiavélisme complétant ainsi une palette des travers humains déjà consistante. Reste que le destin de la fausse ingénue se jouera maintenant sur le vieux continent et qu’il est difficile de savoir comment tout ceci prendra réellement sens dans La nuit étoilée.
Constant dans sa progression, Vincent simplifie encore son trait. L’essentiel n’est plus l’apparence des choses comme sur La Perle Pourpre – bien que certaines scènes soient pour le moins explicites-, mais dans la psyché de ses personnages qui transparaît jusque dans leur physionomie. Lentement, l’ancien lupanar de luxe sombre dans une déchéance où l’entraîne la toxicomanie de sa nouvelle tenancière, et les personnalités s’éveillent et se révèlent sous un jour qui n’est pas forcément en leur faveur.
Sur cet avant-dernier album Chimère(s) 1887 louvoie encore et toujours entre la chronique sociale et thriller historico-économique sans vraiment choisir son camp. Pourquoi pas ? Ce qui est plus regrettable, c’est que la densité dramatique - un temps espérée - ne soit, finalement, pas au rendez-vous.
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