A
près avoir découvert la véritable motivation des Alchimistes et d'où la Flamme puisait sa force, Léor est désormais traqué par le Capitaine Calran et ses sbires. Lorsque le vieux Mikel est arrêté, le jeune homme décide de tout faire pour le libérer. Aidé par Estevan, Dalhianne et Carmine, il compte bien contrecarrer les plans du grand apôtre et empêcher l'arrivée du Messie. Mais seront-ils de taille ?
Alors que La ville pétrifiée posait les bases d'une uchronie moyenâgeuse, mêlant fantastique et magie, sur fond de révolution contre le pouvoir en place, Les alchimistes marque une accélération dans la narration. Les révélations sur le passé et/ou les motivations des protagonistes, adeptes ou non de la Flamme, s'enchaînent à un rythme soutenu. Parallèlement, l'auteur densifie son intrigue et s'écarte de la simple quête initiatique du héros-sauveur ; pour cela, il dévoile les divers enjeux, et s'appuie sur un groupe éclectique qui lutte pour la liberté. Ainsi, chaque personnage se voit mis en avant et sa personnalité développée avec habileté. L'identification, quels que soient l'âge, le genre ou la sensibilité de chacun, en est plus aisée. Enfin, il profite de l'occasion pour balayer des thèmes forts et variés tels que le mariage arrangé, l'exploitation des enfants, la misère ou encore l'obscurantisme ou la dérive religieuse.
Classique dans son découpage et sa mise en page, Karim Friha axe ses efforts sur la lisibilité. Dans la continuité de ce qu'il proposait avec le Réveil du Zelphire, ses planches sont limpides et offrent une lecture fluide. Grâce à son trait à mi-chemin entre manga (les grands yeux expressifs de ses personnages) et modernisme (l'inspiration de Joann Sfar comme son travail dans l'animation se font clairement sentir) il continue de développer un univers dense, sombre et dur. Ses décors sont superbes et accentuent encore l'ambiance particulière du cadre. Appuyée par une mise en couleurs étudiée, l'angoisse est présente à chaque instant et plonge le lecteur dans une urgence qui n'est pas étrangère à la cadence infernale du récit.
Après un premier tome déjà prometteur, Karim Friha transforme l'essai avec ce nouvel opus. Plaisant et bien construit cet album donne envie de vite découvrir la dernière partie qui, si elle est de même qualité, fera de La Flamme et l'Orage une lecture jeunesse réussie que nombre d'adultes apprécieront.
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