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evenue dans un présent toujours aussi caniculaire, Chimani se remet doucement de son dernier « rêve ». Mais, à peine le temps de retrouver ses amis que « l'autre côté » et Sumio la rappellent à eux. Cette fois, l'effervescence est au rendez-vous, le retour des habitants et donc de la vie font du bien au garçon. Il aimerait tant que la jeune fille reste avec lui à tout jamais...
Avec ce tome, Yuri Urushibara continue sur le même registre graphique : aussi belles, ses premières planches dans le passé ressemblent à une invitation au calme et à la relaxation. Plus généralement, ses paysages, superbes, sont d'un tel réalisme que l'eau se ferait presque entendre et la chaleur ressentir. Classique dans son découpage et apaisant dans ses décors, le trait n'en est pas moins fluide et dynamique.
Mais si le dessin est aérien et léger, le propos, lui, se fait plus grave et sérieux. La colère de Sumio et l'influence qu'il a sur les allers-retours de l'adolescente prennent très rapidement forme. L’empathie pour le héros n'en est que plus forte, et l'émotion suscitée par les décisions des protagonistes - notamment le père - ne fait que s'accroître. Patiemment, la mangaka dénoue les fils de son intrigue ; chaque piste entrouverte est traitée, chaque question soulevée trouve sa réponse. Pendant que les révélations sur l'immersion s'enchaînent jusqu'à en exposer les raisons, l'histoire familiale prend toute sa dimension, les secrets sont révélés, les non-dits explicités et les rancœurs évacuées. L'album est plus rythmé, tandis que le sujet abandonne doucement le mystère pour s'ancrer un peu plus dans la réalité. Si Chimani et surtout le village étaient au centre du premier opus, cette fois, la famille et les choix de vie servent de fil rouge. De même, l'eau, toujours omniprésente (surtout graphiquement), laisse peu à peu la place à un message écologique. Et derrière un drame intime, l'auteure brosse aussi le constat d'un monde de moins en moins respectueux de la nature, où les traditions et les souvenirs doivent parfois disparaître devant les changements et le progrès. Évitant également la tentation moralisatrice militante, elle parvient à raconter, de manière touchante, le temps qui passe, et les conséquences de secrets trop longtemps tus. Sans tomber dans les clichés racoleurs ou larmoyants, Yuri Urushibara narre avec talent différentes réactions face au deuil d'un enfant dans une famille traditionnelle.
Cette seconde partie complète à merveille la première pour former un diptyque à l'ambiance étrange, entre fable nostalgique et chronique de société, qui constitue une parenthèse mystique et onirique. Visuellement maîtrisé, il installe définitivement, la créatrice de Mushishi comme une artiste complète indéniablement douée.
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