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epuis qu'elle a repris connaissance, affublée de membres mécaniques - qui lui donnent une force surhumaine - et sans aucun souvenir de sa vie, elle n'a plus qu'une idée en tête : comprendre ce qui lui est arrivé et qui en est responsable. Elle, c'est Lady Mechanika comme l'a surnommée la presse de la mégapole éponyme dans laquelle elle a choisi de s'établir pour devenir détective. Aidée dans son entreprise par son ami Archibald C. Lewis, chercheur et inventeur de génie, elle suit chaque piste dans l'espoir d'en apprendre plus sur les changements qu'elle a subis. Or, la « dix-huitième convention annuelle de l'innovation, de la science et de l'industrie » organisée par la ville et parrainée par Lord Nathaniel Blackpool (qu'elle a déjà croisé) via sa compagnie d'armement approche ; une bonne occasion de lever le voile sur son passé.
Pour sa première série seul aux commandes, Joe Benitez a visiblement décidé de frapper fort et il réussit clairement son coup. Grâce à un prologue mêlant intelligemment action et révélations, impossible de ne pas vite se prendre de sympathie pour cette jeune femme mi-humaine mi-machine autant qu'il est difficile de ne pas s'embarquer dans ses pas pour autre chose que son physique avantageux. Passé cette introduction maîtrisée, l'auteur continue à captiver son lectorat par le très grand soin qu'il a apporté aux décors. Le contexte anglais du XIX siècle ambiance steampunk qu'il propose, notamment, est sans conteste un autre point fort de son récit. Des costumes aux immeubles, des inventions aux armes, tout est dessiné avec force détails et contribue à poser un univers dense et foisonnant. Mise en valeur par un découpage inventif et varié, ses planches, brillamment colorisées par Peter Steigerwald, sont un régal constant.
Avec cette héroïne charismatique, aux formes généreuses, dotée d'un courage sans limite comme de failles que l'on devine profondes, il choisit une intrigue qui, sans grande surprise, reste toutefois plaisante à lire. L'humour du tandem Lady Mechanika/Lewis fonctionne bien, la galerie de personnages secondaires est séduisante et les rebondissements bien dosés. Un léger bémol, tout de même, pourrait être mis sur les méchants de service : peut-être un peu caricaturaux ou trop tendres pour être totalement crédibles. Mais cela n'empêche nullement de dévorer ces quatre premiers épisodes d'une traite.
Graphiquement très aboutie, cette première partie du Mystère du corps mécanique lance parfaitement la série. Une héroïne énigmatique et attachante, prête à affronter moult dangers pour enfin découvrir ce qui lui est arrivé et pourquoi ; de quoi embarquer volontiers pour le second tome de cet arc, annoncé pour Octobre prochain.
Déjà six tomes au compteur, encore du matériel en cours de publication en VO et une présence constante en librairie, Lady Mechanika est une des rares séries à succès de Glénat Comics (Lady Mechanika 2010, #0-3).
La série développe un univers steampunk riche et coloré, plein d’inventions "mécaniques" et se déroule durant époque victorienne revisitée. L’histoire repose essentiellement sur la personnalité de son héroïne et malheureusement celle-ci est plutôt antipathique. La quête de ses origines apparait confuse et il reste encore de très nombreuses interrogations une fois la lecture terminée. On sent que cette mémoire perdue va être exploitée pendant encore un bon nombre d’épisodes.
Aussi, le côté steampunk, voire Art nouveau, est constamment exagéré ; à tel point que l’on a plus l’impression d’avoir affaire à une jeune femme dans un de ses multiples déguisements de cosplay qu’à une véritable aventurière (ce qui serait paradoxalement en cohérence avec l’inspiration de l’auteur évoqué dans la préface). Son attitude hautaine et sa manière de poser en pleine page ne participent pas non à ce que l’on s’attache à elle. Enfin, l’auteur a sans doute voulu donner aux dialogues un ton prétendument proche de celui du XIXe siècle mais cela ne fait que leur donner un style pompeux et pénible renforcé par cette multiplication de phylactères.
Le dessin très précis sauve un peu l’ensemble et on peut reconnaitre à l’auteur d’avoir persévéré durant plusieurs années pour développer son projet. Mais les pages sont surchargées, le découpage part dans tous les sens et l’héroïne – comme les autres personnages féminins – est en permanence représentée à la manière d’une pin-up (les nombreuses couvertures alternatives en fin d’ouvrage en sont remplies et donnent l’impression que la série ne repose que là-dessus).
Bof… Les personnages débitent sans arrêt des monceaux de phrases ampoulées qui se veulent littéraires mais qui ne sont qu’un verbiage indigeste. L’auteur doit chercher par ce biais à faire plus "19° siècle" car globalement on n’y croit pas du tout. On a beau les attendre à chaque page, aucun décor significatif, aucun plan large ne vient jamais nourrir la peinture de l’époque ni embellir les planches. Il y avait pourtant de quoi !
Le dessin se focalise donc sur les personnages ; il n'est pas mauvais d’ailleurs mais tellement surchargé avec ses effets de textures artificiels qu’il n’en ressort pas grand-chose si ce n’est une pin-up de plus, complètement antipathique. Cette Lady Mechanika (c’est quoi ce nom ?), ses tenues et ses accessoires semblent sortir tout droit d’un catalogue périmé du genre "Le petit steampunk illustré". Pas une once de nouveauté à l’horizon…
Personnellement la suite m’importe peu. Mais il est toujours possible que les boulimiques de comics et les férus de steampunk y trouvent leur compte…
Voilà une série dont j'ai entendu parler il y a très longtemps et la voilà, désormais, qui fait le buzz en VF.
Les qualités de cette série sont indéniables : le dessin, les couleurs, l'ambiance... et une héroïne charismatique !
Tout le côté graphique est pour moi parfaitement réussi et maîtrisé. Le design des personnages résulte d'un long travail et ça se voit.
Ce qui me déçoit un peu plus, c'est le scénario. Il souffre de quelques longueurs. À cela, s'ajoutent un (trop ?) grand nombre de personnages et des dialogues fait de longues tirades dont certaines sont superflues. On peut noter un écart entre la consistance de l'héroïne et celle, plus légère des personnages secondaires.
Au final, je suis plus séduit par le graphisme que par l'histoire et le background. Malgré ça, ce bouquin est plutôt original parmi les comics du moment.
De cette oeuvre on retiendra l'ambiance si particulière. Le monde décrit est un hybride entre science et magie, comic et western. Mais le scénario semble parfois tourner en rond.
On adorera ou on détestera sa galerie de personnage.
les dessins sont de très bon niveau et relève un peu la note.
Je reste quand même sur ma faim.
Attendons le tome II.
6/10.
Point fort de cet album : les graphismes! C'est un vrai plaisir des yeux (même si je ne suis pas plus fan que ça du style "comics", trop habitué au "franco-belge"). Le travail du coloriste est aussi assez remarquable.
Côté scénario il y a une bonne intrigue, mais le personnage principal fait fortement penser à Nävis dans Sillage. J'espère ne pas être déçu par la suite, comme certains albums de cette dernière série.