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Black Dog

06/06/2016 6700 visiteurs 8.0/10 (2 notes)

S tefan gagne sa vie comme il peut : mécano ou plongeur dans un restaurant chinois. Dans un cas comme dans l’autre, les patrons sont irascibles et l’exploitent honteusement. Alors, quand Deville lui propose deux mille dollars pour tuer un inconnu, comptable de son état, qui ne semble pas redoutable, Stefan accepte. Mais rien ne se passera comme prévu.

Götting (scénario) et Loustal (dessin), qui ont déjà collaboré en 2012 avec Pigalle 62.27, récidivent dans le registre du roman noir avec Black Dog. Le récit reprend tous les codes du genre : richissime escroc, héros manipulé ou personnages ambigus. Chacun y révèle sa part d’ombre. Les relations ne peuvent donc que se construire sur la tension, la rivalité ou le conflit. Certains mourront, d’autres pas. Comme dans tout bon polar, il n’y a pas de morale à trouver. Mus par leurs pulsions et leur instinct de survie, les êtres se frottent les uns aux autres.

Le scénariste livre un découpage subtil et fort bien construit. Il s’affranchit de l’ordre chronologique et utilise plusieurs fois le flash-back, sans compliquer ni égarer. Cela a pour effet de créer une attente, par la formulation de multiples questions, et de provoquer le plaisir de la lecture. Le dessin de Loustal, quant à lui, est fidèle à lui-même : couleurs vives, visages quasiment inexpressifs, décors soignés (même s’il semble aller davantage vers le dépouillement). La beauté de son art est toujours dans la création d’atmosphères, résultat de cadrages maîtrisés, de couleurs assumées et de jeux avec les contrastes. Ces éléments, épaulés par la narration de Götting, économe mais jamais hermétique, rendent tangibles ces lieux pervertis par les déviances de ceux ou celles qui les habitent.

Cet album ne révolutionne rien sur le plan du récit policier, mais le dialogue récit/image y fonctionne à merveille, parce qu’il est servi par deux grands artistes. Tout est suggéré, en retenue, rarement exhibé, laissant des espaces pour investir le sens et l’émotion. Il ne faut donc pas se priver de cette plongée en eaux troubles, à l’obscurité nauséeuse, dans laquelle un chien noir apportera un peu de lumière.

Par F.Houriez
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Black Dog

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Note: 3.8/5 (18 votes)

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L'avis des visiteurs

    bulle.noire Le 12/06/2021 à 22:22:33

    2 patrons, Loustal au dessin, Götting au scénario (inspiré de Noir, autre album de 2012). Autant dire qu’on ne prend pas de gros risque. Et comme avec Pigalle 62.27 dont j’ai déjà parlé, on n’est pas déçus.

    Un raté prêt à tout pour du fric, des gangsters sans pitié, une blonde vénéneuse à souhait… tous les ingrédients du polar us des années 60 sont là. On y ajoute un chien noir et nous voilà partis dans une sombre noyade, une chute inexorable vers les enfers pour Stefan qui ne sait pas où il met le petit doigt (c’est le cas de le dire) en acceptant l’offre qui lui est faite : tuer quelqu’un. Sauf qu’il n’ a jamais fait ça Stefan et que c’est pas si facile….

    Le style graphique de Loustal est coloré, taillé à la serpe, c’est vivant et les personnages ont beaucoup de consistance.

    En conclusion, encore une réussite pour ce duo, mais est-ce une surprise ?

    Erik67 Le 11/11/2020 à 11:24:37

    Il y a des lectures qui m’ont jadis marqué aussi bien en positif qu’en négatif. J’associais Loustal à un style graphique rigide et à un verbe pompeux. Bref, ses œuvres ne me plaisaient pas. C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai abordé cette lecture de Black Dog.

    J’ai remarqué une évolution positive à savoir que les textes qui composent la narration sont beaucoup moins rébarbatifs. Bref, il y a des dialogues et c’est beaucoup plus vivant que le style contemplatif d’antan.

    Ce polar noir dans la plus pure tradition hollywoodienne se laisse suivre. Je ne dirai pas non plus que la lisibilité est bonne car il y a des scènes de flash-back qui ne sont pas évidentes comme il n’y a pas d’indication de temps ou quelque chose pour marquer cette rupture temporelle. Par ailleurs, le scénario est d’une simplicité déconcertante qui n'apporte rien.

    Pour autant, je vais quand même donner la moyenne car j’ai repéré de sérieux progrès. Cela vient petit à petit. Il est vrai que parfois, on découvre un nouvel auteur qui a déjà tout.