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drian Tomine a commencé à écrire des comics au lycée, parce qu'il se sentait "douloureusement conscient de son indifférence à toute forme d'interaction sociale". De cette écriture cathartique, il fera un journal, Optic Nerve, publié à compte d'auteur et qui paraîtra de 1991 à 1994. Ce sont les mini-comics (1 à 3 planches) de ce journal qui sont aujourd'hui réunis dans ce recueil essentiellement autobiographique, où l'auteur s'incarne tour à tour dans tous ses personnages, d'Adrian le misanthrope à Amy la lectrice nocturne...
En 32 récits, Adrian Tomine dresse le portrait d'un américain des années 90 qui, malgré des erreurs de jeunesse, reste criant de vérité. Ses personnages désagréables et faibles sont finalement très humains. Même si l'on est parfois excédé par leur pessimisme, on se laisse porter par le talent de conteur de l'auteur.
L'évolution du graphisme est très sensible dans ce recueil où petit à petit le trait se simplifie et s'épure, gagnant en efficacité. Au fur et à mesure que le trait se précise, le scénario se renforce, devient plus crédible mais aussi moins maladroit.
Ces nouvelles, prévues pour une diffusion à 25 exemplaires, ont traversé la double barrière de l'océan et de la langue pour rejoindre Blonde Platine dans les rayonnages des libraires, et ne sont certainement pas à prendre comme un "goodie", mais bien comme un album à part entière, qui plus est tout à fait réussi.
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