I
l était une fois, sur la planète Terre - terrain d'affrontements entre la Coalition et la Confédération depuis des lustres - un petit bot nommé Rip-R. Comme tous ceux de son espèce, une tâche bien précise lui est dévolue, une fonction pour laquelle il a même été formé à l'Universitech : mécanicien. Mais pas n'importe lequel, non, il est mécanicien de War-Bot. Le sien se prénomme War-Hol. Accompagné de son chien-porteur, Snoop-i, Rip-R doit veiller à ce que son compagnon puisse, à tout moment, remplir sa fonction : faire la guerre ! Malheureusement pour lui, War-Hol n'a rien du super soldat attendu. Pire, il fuit les batailles ! Un jour, alors que Rip-R dépouille les carcasses de bots tombés au combat, à la recherche de pièces détachées, ils sont pris en chasse par un Scavenger. C'est alors que son binôme dévoile sa véritable nature : il sait se battre, et plutôt bien. Basculant dans un état de transe, il devient une machine implacable, capable de dégommer tout ce que passe à portée de tir ! Mais une fois la victoire remportée, le War-bot s'éteint, s'ouvre et... un bébé humain fait son apparition ! Qu'est-ce donc que ce drôle de robot pense Rip-R ? Et pourquoi est-il caché dans cette carcasse ? Pour répondre à ces questions - et bien plus encore - nos deux compères (et Snoop-i) vont devoir aller sur les traces de leur passé et de celui de toute leur espèce.
Avec un tel pitch, difficile de résister à la nouvelle série d'Aurélien Ducoudray. Après l'histoire (Amère Russie, Mobutu dans l'espace), le polar (The Grocery), l'aventure (Bob Morane - Renaissance) et l'anticipation fantastique (Leviathan) il ajoute un nouveau genre à sa bibliographie : la science-fiction. En partant du concept du dernier homme sur la planète, il propose un titre regorgeant de clins d’œil qui raviront les plus geeks : Albator, Astro, Bender etc... Reprenant à son compte le duo comique avec des Laurel et Hardy version mécaniques, le scénariste brosse une galerie de portraits variés, dotés d'émotions typiquement humaines. En présentant une société dirigée par l'intelligence artificielle, c'est la nôtre qu'il égratigne, moquant pêle-mêle : les conflits sans fin (dont on a même oublié la raison d'être !), l'hégémonie des mastodontes de l'informatique et de la technologie (Microsoft, Apple et Google en tête), le formatage de l'éducation et même la société de consommation (« papa, une mise à jour steuplaît ») ! Sous ses allures de simple récit d'aventures futuristes goguenard et nostalgique, Bots se révèle être une caricature malicieuse des incohérences et des dérives de notre monde.
À la palette, Steve Baker, déjà aperçu notamment sur Ma vie en slip ou inoxydable. Le Rouennais a pris du plaisir et ça se voit. Les automates électroniques qu'il a imaginés piochent allègrement dans la littérature et la télévision/cinéma mais ne sont pas des simples copies. Il s'en inspire pour mieux jouer avec les symboles ou les marques, n'hésitant pas à en détourner à l'occasion (le mélange Stars & Stripes + Coca-Cola pour le drapeau de la Confédération vaut à lui seul le coup d’œil) et truffer ses cases de détails amusants. Son dessin est aussi un hommage (parfois critique) aux comics de son enfance : autant par la forme (le découpage, le chapitrage, le format) que par le fond (références plus ou moins explicites à Captain America, Iron Man ou encore Big Guy de Miller) ou encore son trait, dynamique, collant parfaitement au rythme narratif.
Enfin, il est à souligner le très bon travail d'édition d'Ankama qui, en plus d'offrir une impression de qualité, propose ce tome à prix réduit (10€ prix de lancement). 80 planches plus les Fanarts d'amis dessinateurs (Guillaume Singelin, Thomas Gilbert, Joslin, Boris Mirroir, Joël Jurion et Stéphane Fert), il serait dommage de passer à côté d'une aussi belle accroche.
Bourré d'humour et de clins d’œil, mais également doté d'un véritable fond, Bots est drôle et captivant : une franche réussite qui lance un triptyque plein de promesses.
Bots, c'était la bd du moment que tout le monde avisait à peine parue. Pourtant, au départ, aussi bien la couverture que le format n'est réellement attirant. Les deux premières pages nous font tout de suite entrer dans un monde dirigé par des robots qui sont en guerre. L'humanité telle que nous la connaissons n'existe plus depuis bien longtemps.
Le langage est plutôt basique sur un mode binaire. Puis, il va se passer quelque chose qui va changer la donne et le récit prend un aspect beaucoup plus intéressant. Il y a également de l'humour avec quelques bonnes trouvailles qui m'ont bien fait rire.
Je vais rejoindre le chant de louanges car c'est mérité pour les auteurs qui ont su à la fois captiver et offrir quelque chose d'original et bien senti.
Que dire sinon vivement la suite! Ce tome 1 est admirablement bien réalisé. Les robots ont une bonne trognes et on s'attache vite, l'humour informatique omniprésent robots oblige et une pointe de violence font de cette bd un grand coup de coeur.
Quel régal que ce premier tome rempli de clins d'oeil et références tout simplement bien distillés le tout sur un ton léger même si tout n'est pas rose dans cette guerre éternelle robotique... Hâte de lire le prochain tome! Merci aux auteurs pour ce bon moment de lecture! Je recommande +++