U
n barman loser obsédé par sa (non-)vie sentimentale et sexuelle
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Un vétéran bizarre à l'ardoise plus longue que la barbe
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Un épouvantail (si, si !) qui répond au doux nom de Rathraq
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Une légende qui raconte un combat épique entre deux espèces de super-guerriers aussi laids que dangereux.
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Une histoire de vengeance, complètement loufoque, menée tambour battant ou en plus court : Rumble.
Mais reprenons au début : Bobby est un jeune barman un peu paumé. Un soir, il se confie à un habitué, Cogan. Le sujet ? Ses soucis pour trouver une amoureuse qui ne le quitte pas au bout de quelques semaines pour retourner avec son ex. Quand vient l'heure de la fermeture (et de l'addition), le vieil homme griffonne quelque chose sur un bout de papier en guise de reconnaissance de dettes et s'en va... Avant de revenir effrayé et paniqué, le bras coupé par un fou furieux au drôle d'accoutrement qui le poursuit, armé d'une épée à faire pâlir le plus costaud des Vikings ! Bobby saisit une batte et, courageux, ferme les yeux et frappe l'assaillant... qui se révèle être un épouvantail !
Avec un tel tourbillon en entrée, pas de doute, ce comics est dans la plus pure tradition du genre. Rien de plus normal lorsqu'on a fait ses armes de scénariste au côté de Mike Mignola sur B.D.R.P. comme c'est le cas de John Arcudi. Si l'intrigue n'est pas innovante - un guerrier demi-dieu qui revient sur Terre se venger de ses ennemis après des années - l'auteur de The Mask contre-attaque, livre un premier tome qui brille par son humour décalé et sa narration. Décousue, elle plonge le lecteur au cœur de l'action avant de livrer les clés nécessaires pour ne pas perdre pied. Le pari était risqué : largué au milieu des combats, face à des protagonistes et des lieux aux noms improbables, le lecteur pourrait vite décrocher, mais le talent du scénariste réside aussi dans sa capacité à maintenir l'intérêt notamment par l'humour. Il propose des personnages éclectiques dans des situations dingues et réussit à désamorcer la tension par une réplique ou une attitude, le tout sans que cela nuise à la fluidité, bien au contraire ! Mais il serait injuste de réduire cet album à cet aspect : combats, fausses pistes, quête de vengeance, Rumble est un avant tout véritable récit d'aventures.
Le dessin de James Harren est l'autre point fort de ce titre. Ne s'embarrassant pas de détails (comme il l'avoue d'ailleurs, le rythme de parution US ne l'y autorise pas), il axe ses efforts sur le mouvement, le dynamisme et le bestiaire. Les (nombreuses) recherches effectuées en amont pour les « monstres » - Esus et Ivirs - sont payantes : chacun d'entre eux est remarquable et remarqué. Qu'ils soient flippants, délirants ou tout simplement surprenants, le dessinateur s'est visiblement fait plaisir et on ne va pas s'en plaindre. Comme les couleurs de Dave Stewart apportent aux ambiances tantôt glauques, apocalyptiques ou moites au fond d'une ruelle ou dans un bar sombre, tout en renforçant la lisibilité, cela donne une mise en images pleinement réussie.
Complètement barré, La Couleur des ténèbres ressemble, à première vue, à un plaisir coupable pour fan de comics. Mais vu la maîtrise, et d'écriture et de dessin, cette série s'annonce plutôt comme une récréation de qualité, violente et drôle, pour tous les amateurs d'aventures fantastiques.
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