Sociorama Turbulences

« Toute ma vie, j'ai rêvé
D'être une hôtesse de l'air.
Toute ma vie, j'ai rêvé
De voir le bas d'en haut.
Tout ma vie, j'ai rêvé
D'avoir des talons hauts.
Toute ma vie, j'ai rêvé
D'avoir, d'avoir
Les fesses en l'air. »

Prendre l'avion, on aime. Ou on n'aime pas, ce qui est le cas d'Anne Lambert. Sa phobie ne l'a pas empêché (ou alors c'est dans un but thérapeutique) de mener une enquête à ce sujet. En bonne sociologue, elle s'est intéressée plus particulièrement aux hommes et aux femmes en charge du confort et de la sécurité des passagers lors de leurs vols vers des destinations aussi lointaines qu'exotiques.

Le temps d'un Paris – São Paulo, l'auteure explore les us et coutumes de ces métiers aux auras un peu magiques. Un peu de techniques aéronautiques, pas mal de jargon professionnel et beaucoup d'observations (à défaut d'analyse), plus ou moins pertinentes sur le sort des forçats de l'air, Turbulences présente plus qu'il ne décrypte. Oui, les commandants de bord sont très bien payés, oui les hôtesses se « tapent » les sales boulots (aussi bien en première qu'en classe éco) et, oui, tout le monde n'a pas droit aux mêmes gratifications. En résumé, comme dans toutes les professions, il y a des privilégiés qui profitent de leur situation et d'autres qui rament pour garder le sourire.

L'exposé ne fait qu'écrémer sa matière, abuse des stéréotypes (le pilote égocentrique sans attache et dragueur, la cheffe de cabine divorcée qui jongle avec son boulot et la garde des enfants, le steward gai qui en profite pour draguer avant l’atterrissage, etc.) et n'oublie pas d'asséner, ça et là, quelques petit discours féministes ou vidicatifs à propos des conditions de travail (en cabine spécialement). L'ensemble est illustré d'une manière un peu maladroite par Baptiste Virot. Le trait vaguement caricatural de ce dernier tente d'apporter un peu de recul à un propos pauvre et irrégulier qui ne permet pas à l'ouvrage... de décoller !

Album au final décevant, Turbulences manque cruellement de profondeur ou d'originalité dans son approche. Il offre néanmoins un portrait réaliste d'un secteur économique en plein développement et crucial dans le fonctionnement des économies modernes.