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ttavio Rossetto est fatigué. Dans sa petite maison de briques rouges, à Charleroi, l'immigré italien se sent bien seul. Même son beau potager et son cochon, Mussolini, ne lui rendent pas le sourire. Le temps passe, son âge et ces journées de labeur lui pèsent de plus en plus, sa femme Guilia lui manque, leur fils est loin et comme qu'il ne s'entend pas avec sa bru, il voit rarement Roméo, son petit-fils. Alors, lorsque l'occasion de prendre le garçon une semaine chez lui, en plein été, se présente, le vieil italien n'est pas contre. Il se fera aider au quotidien et en profitera pour lui apprendre à travailler. Avec ses problèmes respiratoires et Alzheimer qui pointe le bout de son nez, une présence, même de quelqu'un qu'on connaît peu, est toujours bonne à prendre.
Comme il l'explique dans sa très complète postface, Vincent Zabus tenait à ce projet. Entre les réécritures, les coups du sort, les changements de formats (de médium même) et de dessinateur, cet album a bien vécu avant d'arriver entre les mains des lecteurs. Un peu comme Ottavio, l'anti-héros bougon et taiseux. S'inspirant des souvenirs d'une amie, le scénariste mêle l'immigration italienne en Belgique, le travail à la mine et la maladie, pour aborder le thème central de son récit, celui de la transmission. Touchant, malgré son air aigri et son apparente antipathie, son « vieux chiant » est aussi le symbole de ces travailleurs que la vie a écrasés, qui ont trimé sans relâche pour survivre, sans se poser de question. Avec respect et pudeur, l'auteur évoque cet homme malade qui ne parle que très peu, mais ne demande qu'à s'ouvrir et pour qui la visite de son petit-fils sera une véritable bouffée d'oxygène (sans bouteille cette fois !). L'occasion d'échanger, de vider son sac en parlant des épreuves traversées. De s'ouvrir, se livrer et faire vivre son histoire en la racontant à la jeune génération malgré la colère et la rancœur qu'il porte sur son existence. Et comme une libération, ce qu'il n'a jamais confié à son fils, par pudeur autant que par habitude des non-dits, servira de déclencheur pour que ce dernier ne cache rien au sien. Ou comment trois générations peu enclines au dialogue vont réussir à s'ouvrir à chacun grâce au rapprochement des deux extrêmes.
Dans la lignée de leurs précédentes collaborations, Les petites gens et Les larmes du seigneur afghan, le dessin de Thomas Campi est au diapason de cette narration et sublime le propos. Par ses tons ocres et chauds, il retranscrit très bien l'été et ce potager aux allures de Silice, au milieu de ce coin de Belgique gris. Par son trait, ensuite, simple et fin, pour mettre en avant ces visages si expressifs, qu'ils soient jeunes et lisses ou vieux et burinés. Ces planches respirent et offrent des pauses contemplatives en résonance aux silences dont son complice ponctue leur scénario.
Nostalgique sans être larmoyant, Macaroni ! est un album tout public qui parlera à tous ceux qui, un jour, se retournent sur leur vie en se demandant quand elle leur a échappé. Mais, et c'est peut-être aussi sa force, il touchera également ceux qui pensent que raconter son passé sert à construire son présent.
Il est toujours intéressant d'avoir des témoignages de vrais gens qui ont connu la faim, la guerre, le déracinement, le racisme. Nous avons un vieil homme d'origine italienne qui n'a pas eu une vie très facile. Il est devenu assez bougon avec le temps. Sa relation avec son petit-fils ne sera pas très facile. Pour autant, on pourra tomber dans une certaine tendresse pour ces deux personnages que tout sépare.
Malgré cela, je n'ai pas trop été trop emballé. Le graphisme n'est déjà pas celui que je préfère. On observera une multitude d'effets de style pour représenter les fantômes du passé. Le récit aurait pu être différent également. Cela reste une bd d'ambiance où de grands moyens sont déployés pour un piètre résultat. J'aime pourtant les macaronis que me faisait ma grand-mère également d'origine italienne. Cependant, je n'ai pas été touché plus que cela. D'autres oeuvres dans un genre similaire m'ont déjà fait plus d'effet. A noter une préface signée par Salvatore Adamo lui-même.
Ce que j'en pense:
Roméo doit passer quelques jours chez son grand- père qu'il connaît peu. Ottavio a connu la guerre, l'émigration et les désillusions. À travers ses cauchemars, Roméo entrevoit la vie de son grand- père. Un lien tendre se tisse entre les deux personnages qui au départ se jaugent de loin.
Ce scénario m'a tellement fait penser à l'histoire de mes grands- parents... J'ai cru entendre l'accent de ma grand- mère, j'ai cru reconnaître leur histoire. C'est peut être pour cela que ce récit m'a tant ému. C'est superbe et émouvant. La BD raconte le désarroi de tout ces émigrés. Les personnages sont forts, beaux et humains. Ils sont vraiment touchants.
J'ai peu accroché à l'esthétique générale. Les dessins ne sont pas à mon goût ainsi que les couleurs. J'ai aimé les ombres vaporeuses qui représentent le passé qui hante Ottavio.
Bref:
Une lecture en demie- teinte.
Pour plus d'avis: http://aufildesplumesblog.wordpress.com
J'avais aimé leur précédente collaboration "les larmes du seigneur afghan" mais là, le voyage sera moins long. Les auteurs nous amènent en Belgique. On y retrouve les briques rouges des maisons typiquement belges-ou du Nord de la France- les mines et les souvenirs, ceux d'Ottavio, un grand-père aigri, un immigré italien qui a combattu dans l'armée de Mussolini, et qui doit accueillir pendant quelques jours son petit-fils ,Roméo.
La confrontation entre Nono, le grand père et Roméo, le petit fils est assez classique: nous passons de l'indifférence à peine polie ("le vieux chiant", "petit con") au rapprochement inéluctable entre les deux protagonistes à travers le récit des souvenirs: la guerre, la mine, l'Italie.
J'ai bien aimé la technique de Thomas Campi pour faire vivre les fantômes du passé dans la maison de Nono.
C'est un récit assez touchant mais sans surprise. Il manque un quelque chose pour en faire une bande dessinée incontournable .
Il faut noter la préface d'un immigré d'origine italienne assez célèbre ,vivant en Belgique, à savoir Salvatore Adamo.
Un album découvert et acheté un peu par hasard.... et Bingo, tirage gagnant !
La vieillesse, la mine, l'Italie, la nostalgie, les regrets, la rancœur, la non communication, les générations, l'immigration... Si un seul de ces mots vous parle, courez chez le libraire.
Et en plus, un dessin magnifique. A LIRE !