L
e concept de DoggyBags, depuis la parution du premier numéro en 2011, est de reprendre les thèmes, l’esthétique et les codes narratifs des pulp fictions, qui ont fait le régal de leurs lecteurs dans l’Amérique de la première moitié du 20ème siècle. Cette création des éditions Ankama trouve son inspiration essentiellement du côté de l’horreur et du fantastique. Comme pour les précédents volumes, sont proposées ici trois histoires, liées par le thème (les zombies à la conquête de la planète Terre). Doggybags 5 contenait Death of a nation, sorte de pilote aux trois récits présents dans cette neuvième livraison. Tous peuvent se lire indépendamment.
Patriot Act a pour cadre un parc d’attractions dans lequel le visiteur aura la possibilité de flinguer des morts-vivants, dans diverses mises en scène reprenant les grands échecs de la courte histoire des États-Unis (la bataille de Little Big Horn, le Vietnam ou la destruction de New-Orleans par le cyclone Katrina). Le zombie est devenu l’incarnation des comptes non réglés par le beauf ultra nationaliste américain. Indiens, Vietcongs, pillards noirs sont à portée de fusil et les abattre, même virtuellement, assouvit bien des pulsions. Mais il y aura un grain de sable.
Opération Wonder Land suit l’escouade Yellow 4, qui a pour mission de retrouver des survivants dans le parc de loisirs, où les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévues. Les cibles se sont rebellées et affranchies. Et elles sont très en colère.
The last president raconte comment les zombies ont largement dépassé le territoire de l’ancien parc et se trouvent en position de menacer le président des États-Unis. Celui-ci est enfermé dans son bunker personnel, sans sa famille. 90 jours, comme le prévoit la procédure. Le lecteur voit ce chef d’Etat, sans pays, survivre dans cette solitude contrainte. La sortie, au bout de trois mois, ne sera pas sans surprise.
« Suspense, frissons & horreur !! », « violence 100% graphique », « 120 pages tout en couleurs et sans concession ! » annonce la couverture. Ces accroches sont bien exagérées. Un crâne de zombie qui explose n’affole plus grand monde aujourd’hui. Cela appartient au folklore et fait le lien avec les séries d'outre-Atlantique originelles. Néanmoins, ces trois récits sont rondement menés, avec une dynamique qui leur est propre et des graphismes plutôt efficaces, n’ayant pas peur du gros plan. On y trouve des sales gueules (pas seulement chez les morts-vivants), de l’exagération, une misanthropie tangible, du mépris pour toute sorte de vie, des égoïstes qui ont peur.
Cette Humanité en déclin a concentré ses angoisses sur les morts-vivants. C’est pratique, ils n’existent pas. Mais on peut remplacer « zombies » par n’importe quel vocable désignant un groupe d’individus, quelles qu’en soient ses caractéristiques, et DoggyBags deviendrait presque une parabole de cette partie de l'Humanité qui se construit en détruisant l’autre, entretenant son incapacité à tendre la main. Un bon défouloir, mais pas seulement …
« Doggybags, volume 9 » est un numéro à réserver pour les fans purs et durs de la zombie-exploitation ce qui est très loin d’être mon cas.
Malgré une qualité graphique des plus correcte, ce sont surtout les scénaristes qui se font plaisir avec des scénarios basiques consistant à exploser un maximum de cranes de ses monstres consommables.
L’exercice tourne pour moi rapidement court et est à classer au rayon « sans aucun intérêt ».
Plus d'informations sur ce lien :
https://lediscoursdharnois.blogspot.com/2023/09/doggybags-volume-9-run-hasteda-philipe.html
si vous voulez des frissons, faut plutôt lire Outcast de Robert Kirkman (Walking Dead) sur l'exorcisme.