D
ans L'Histoire sans dessous... dessous ! d'Erroc et Dany, l'héroïne - toute droit sortie des moules du vénérable dessinateur - emprunte les chemins de traverse de l'Histoire. En lui faisant visiter quelques bosquets, découvrir les causes d'un événement ou quelques fragments des manuels, elle apprendra l'histoire dans l'Histoire.
Ce n'est pas la première fois qu'un auteur tente de raconter l'histoire avec un grand H à travers certains de ces épisodes particuliers ou en tentant d'expliquer quelques moments marquants en changeant la nature de ceux-ci (dans un style et une approche différent, voir la série uchronique Jour J chez Delcourt). Connaissant l'oeuvre de Dany et son inclinaison vers la friponnerie amusante plutôt que vers la SF métaphysique, la voie choisie en compagnie de son scénariste n'est guère surprenante, pas plus qu'audacieuse.
En BD, une double prise de H, Humour et Histoire, n'a jamais fait de mal et chacun se souvient de la relecture du mythe Arthurien signée Alexandre Astier, qui fonctionne très bien, ou de Monty Python and the Holy Grail, chef-d'oeuvre anglais pour ne s'en tenir qu'à un passage temporel. Ludivine part du même principe : l'écrivain utilise légendes et épisodes historiques pour faire rire. Pourquoi alors la mécanique grippe-t-elle ? Parce que la parodie est un exercice difficile.
Si l'on a passé le cap consistant à ouvrir l'album et sa couverture qui annonce clairement la couleur, il serait culotté de s'offusquer au déshabillage(s) de l'héroïne, aux blagues graveleuses, comme aux dialogues à double sens. Le dessin - si caractéristique - est toujours aussi agréable, et certaines périodes donnent lieu à des détournements amusants (les noms de certains personnages ou les bouleversements historiques, notamment l'épisode des sans-culottes). Le registre de l'érotisme et de la paillardise ne devrait pourtant pas tout autoriser. Les uns et les autres abusent de Ludivine, sans que cela ne paraisse choquer quiconque, ou, si ce n'est pas l'intention des protagonistes, le dessin entretient a minima la confusion. Autre écueil : l'absence d'un réel fil conducteur, qui aurait donné une autre dimension à cette succession de gags.
Enfin, les propos de la donzelle étant en total opposition avec ses actes, le lecteur en vient à se désintéresser de son sort et préfère accélérer la lecture, en éructant régulièrement, quelques nostalgiques "Ni !" chers aux Monty Python et en tournant les pages après s'être contenté d'un aperçu de jolies planches. Verdict : rendez-vous en dessous... des espérances.
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